42 % des Marocains disent envisager d’émigrer, qu’ils soient issus du milieu urbain ou rural. C’est le résultat d’une étude sur «le rôle des compétences dans le phénomène migratoire au Maroc», menée par la Fédération européenne pour la formation (ETF) et présentée mardi 26 février, lors d’un séminaire à Rabat. Les Gadiris (52% d'entre eux) et les Marrakchis (49%) sont les plus concernés par cette volonté de quitter leur pays, ajoute l’étude, relevant que les Casablancais et les Rabatis sont les moins concernés.
Le Maroc est le troisième pays africain à faire l’objet de ce genre d’étude après la Tunisie et l’Egypte [2006-2008]. L'Etude a été réalisée sur la base de 2 600 émigrés potentiels et 1 400 travailleurs migrants rentrés au royaume.
9% peuvent le faire
La principale motivation de tous ces candidats à l’immigration : «partir travailler à l’étranger» en vue d’améliorer leurs conditions de vie. Cependant, note le rapport, seulement 9% de ceux qui souhaitent émigrer «disposent des informations, des papiers et de l’argent nécessaires pour mener à bien ce projet». De plus, la plupart d’entre eux ont un niveau d’études moyen et disposent souvent d’un emploi.
En 2011, près de trois millions de Marocains avaient émigré, au total, généralement pour aller travailler à l'étranger dans de meilleures conditions qu'au Maroc. Au bout d’un certain temps quelques-uns préfèrent retrouver le royaume, parfois pour des raisons familiales. L'étude montre que jusqu'à 10 ans de résidence à l’étranger, «presque la moitié des migrants marocains n’acquièrent pas de nouvelles compétences pendant leur période migratoire». Et lorsqu’ils en acquièrent, il leur est difficile de les mettre en œuvre sur le marché de l’emploi marocain.
La migration n'arrange rien
Partis pour obtenir de meilleures conditions de vie, certains migrants marocains font souvent face à des réalités rarement envisagées. 74% des Marocains qui retournent au royaume ont vécu dans la pauvreté à l’étranger, indique l’étude. L’OCDE, dans son dernier rapport sur l’intégration des immigrés, montre que les immigrés en général sont quatre fois plus pauvres que les gens natifs du pays d’accueil.
La proportion de Marocains prête à partir pour vivre mieux devrait davantage attirer l'attention du gouvernement marocain sur le malaise de ses citoyens. En réalisant cette étude, la Fédération européenne pour la formation vise l’amélioration des politiques migratoires en Europe et au Maroc en perfectionnant la qualité des données et des analyses.
En guise de recommandation, les auteurs de l’étude appellent les politiques publiques tant au Maroc que dans le pays d’accueil à prendre en considération le phénomène migratoire, afin de rendre la migration profitable aussi bien pour le migrant, le pays d’origine que le pays d’accueil.