A Rabat, sa ville natale où elle a grandi, Leila Hanafi a évolué dans la diversité dès son plus jeune âge. Ayant connu l’Afrique à travers son père, qui a fait carrière aux Nations unies, l’avocate maroco-américaine a été influencée par cet environnement pour façonner son avenir. Après avoir vécu à Madagascar puis aux Etats-Unis, elle a choisi de poursuivre une carrière dans le droit.
Basée à Washington, DC, Leila s’est inscrite à l’Université George Washington. «Motivée par le désir de mettre en valeur la diversité du monde et de poursuivre une carrière dans le droit et la justice, je me suis concentrée sur la défense de l’autonomisation juridique de tous, en particulier des femmes et des jeunes», a déclaré Leila à Yabiladi.
Elle a ensuite déménagé au Royaume-Uni pour poursuivre un doctorat en droit à l’Université de Canterbury. Parallèlement à son évolution dans monde académique, Leila a commencé son parcours professionnel à un jeune âge. Déjà étudiante en droit de premier cycle à Washington, elle a rejoint la Banque mondiale.
«J’ai postulé pour un programme de stage et, à l’époque, je crois que j’étais la plus jeune. Je n’avais que 19 ans», se souvient fièrement Leila. «Le fait d’être à Washington DC, cœur battant de la diplomatie, du droit et des organisations internationales, m’a donné un accès plus facile à ces institutions», explique-t-elle.
Une carrière confirmée au sein de la Banque mondiale
Au sein de la Banque mondiale, Leila a pu élargir son expertise et voir plus clairement ses priorités en matière de droit. «Mon intérêt n’était pas simplement de pratiquer le droit au sens traditionnel du terme. Je voulais exploiter ce pouvoir transformateur pour faire avancer la mission de la Banque mondiale : promouvoir le développement, éradiquer la pauvreté et renforcer la prospérité», a-t-elle expliqué.
Leila est convaincue que le droit doit servir d’outil de justice et d’Etat de droit. Cette conviction l’a conduite à occuper des postes où elle peut travailler à combler le fossé entre les dispositions juridiques internationales et leur mise en œuvre, dans des régions où la Banque mondiale ou l’ONU opèrent, comme en Afrique et au Moyen-Orient.
Actuellement, Leila occupe un poste de juriste de haut niveau à la Banque mondiale. Par ailleurs, elle est professeure assistante en droit à l’Université George Washington. Aussi, elle a participé activement à des projets et programmes au sein de la Banque mondiale pour promouvoir sa vision de l’Etat de droit.
«Parmi mes missions avec la Banque mondiale au Maroc, j’ai contribué à un projet visant à améliorer le système judiciaire en soutenant la numérisation et en améliorant l’accès à la justice pour les femmes», a-t-elle rappelé, ajoutant que son objectif est de «rapprocher la justice des citoyens, en rendant le droit plus accessible et plus pratique, en décomposant les cadres complexes en solutions concrètes, au profit des individus et de la société dans son ensemble», a-t-elle souligné.
Un plaidoyer pour les droits
Leila a également été active dans la région MENA pendant la période dite du Printemps arabe. Elle a travaillé sur la création de coalitions et de partenariats internationaux. «Je me suis concentrée sur la promotion de la justice et de l’Etat de droit à l’échelle mondiale, en particulier au sein du système de la Cour pénale internationale (CPI). J’ai œuvré pour encourager des pays comme la Tunisie à rejoindre la CPI en ratifiant le Statut de Rome, dans le but d’accroître la représentation de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient», a-t-elle déclaré.
Elle a ensuite fondé l’Alliance pour la promotion de l’Etat de droit et le règlement alternatif des conflits, au sein de laquelle elle a établi un réseau de femmes avocates en Afrique du Nord. Elle aide celles-ci à s’autonomiser et à plaider pour la justice dans la région. Au Maroc, elle organise depuis deux ans des rassemblements annuels, avec la participation des femmes avocates issues de nombreux pays, comme la Libye, la Tunisie et la Mauritanie.
«Notre objectif est de partager nos connaissances et d’autonomiser les femmes avocates dans des domaines tels que l’accès à la justice et les systèmes de soutien aux femmes. Nous explorons les meilleures pratiques de différents pays, notamment le Maroc, la Tunisie et la Jordanie, en nous appuyant sur nos expériences respectives», a-t-elle expliqué.
Parallèlement à son travail académique à Washington DC, où elle enseigne et mène des recherches, Leila veille à partager son expertise avec les jeunes professionnels du droit de son pays d’origine, le Maroc. Ce «giving back» se concrétise par des partenariats et des échanges avec des étudiants en droit marocains, notamment dans des domaines comme le droit international. Engagée dans le plaidoyer, elle estime qu’il est essentiel de donner du pouvoir aux jeunes femmes et à ses pairs en droit.