Le Maroc est disposé à accueillir ses ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français. «Aujourd'hui, nous cherchons à accélérer l’émission des laissez-passer en coordination avec les autorités françaises, afin d'assurer une identification rapide et de faciliter le retour des migrants irréguliers», a affirmé le ministre des Affaires étrangères dans une interview accordée à l’hebdomadaire Le Point.
«Selon les orientations des hautes autorités marocaines, les consulats ont reçu des instructions pour collaborer étroitement avec les préfectures de police et optimiser ce processus.»
Néanmoins, le chef de la diplomatie a relevé que la coopération du Maroc ne suffit pas à elle seule pour faciliter le retour des migrants irréguliers, pointant du doigt une «faille». «Prenons l'exemple des mineurs non accompagnés (MNA). En juin de cette même année, une mission a été dépêchée en France pour procéder à leur identification ; après 4 mois, il s'est avéré que les deux tiers des 717 mineurs auditionnés n'étaient pas d'origine marocaine. Cependant, même lorsque le Maroc a souhaité rapatrier ceux qui l'étaient, le processus s'est heurté aux restrictions imposées par le juge des mineurs, qui interdit le transfert des mineurs jusqu'à leur majorité. Cette faille, exploitée par les réseaux de trafic humain, permet aux mineurs non expulsables de circuler librement en Europe», a-t-il déploré.
Et de rappeler qu’«une mission de juges français a même été invitée en octobre 2018 à visiter les centres de protection de l'enfance. À la suite de cette visite de terrain des juges français, un schéma de procédure a été validé pour encadrer le retour des MNA, dans le cadre de la coopération judiciaire entre la France et le Maroc».
Dans son discours au Parlement marocain, le président français a abordé l'immigration irrégulière. Emmanuel Macron a appelé «à la nécessité d'une coopération naturelle et fluide en matière consulaire. Chacun voit bien que cette question est aussi une question de confiance réciproque. Elle constitue pour beaucoup de Français une attente des plus fortes. Nous avons besoin de davantage de résultats».