Le 21 octobre dernier, l’AFP annonçait l’arrivée de centaines de djihadistes sahraouis, issus des camps de Tindouf, dans le nord du Mali pour combattre aux côtés des «groupes terroristes». Une information qui avait rapidement été démentie par le chef du mouvement du Polisario Mohamed Abdelaziz, puis par la France qui avait assuré «ne pas avoir connaissance de tels liens». Aujourd’hui, c’est le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly qui revient à la charge, confirmant la présence de ces derniers dans les rangs de l’AQMI au Mali.
«Ils n'étaient que 500 djihadistes au départ. Aujourd'hui, ils sont entre 5 500 et 7 000 hommes. Ces groupes djihadistes ont été rejoints par des jeunes sans perspectives y compris par des jeunes sahraouis des camps», a déclaré le chef de la diplomatie malienne dans un entretien avec le site Atlasinfo.fr, publié lundi 4 février.
300 membres du Polisario dans les rangs du Mujao
Cette déclaration du ministre malien intervient au lendemain de la publication par Al Arabiya Institute for Studies d’une étude arrivant au même constat. Son auteur, l’académicien et chercheur tunisien Alaya Allani, spécialiste de la question islamiste au Maghreb, y affirme que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), une branche de l’AQMI, ne comptait pas moins de 300 membres du Polisario. Le Mujao «comprend environ 1.000 combattants et se compose d’éléments étrangers, dont 300 membres du Polisario et 200 militants du groupe terroriste Boko Haram, en plus d’autres activistes originaires de certains pays africains et arabes de la région», soutient Alaya Allani, qui s’est rendue sur place pour l’élaboration de son article, rapporte la MAP.
Le chercheur américain Yonah Alexander, directeur du Centre International pour les études contre le terrorisme (ICTS), relevant du Potomac Institute, à Washington tire également les mêmes conclusions. «Le ralliement de dizaines de membres du Polisario au Mujao dans le nord du Mali constitue, ainsi, la suite somme toute logique d'une radicalisation du Polisario et de l'exacerbation des conditions de vie dans les camps de Tindouf, où les populations sont séquestrées contre leur gré par les milices des séparatistes», estime-t-il. Et de poursuivre : «Au moment où la communauté internationale a «les yeux rivées sur le conflit syrien, Aqmi et le Mujao ont déclaré la guerre contre l'Occident avec le Polisario comme partenaire».
Une réunion internationale de soutien au Mali a, par ailleurs, lieu ce mardi à Bruxelles. Le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly doit y participer. Des responsables de l’Union africaine, de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de l'ONU ainsi que de l'Union européenne (UE) étaient également attendus.