Le nouveau rapport de Reporters sans frontières vient de tomber. Le royaume y figure la 136e place sur une liste comprenant 179 pays. Dans l'ensemble, c’est «mieux» que le 138e rang de l’édition 2012. «La position du Maroc est stable», constate le rapport de RSF. Rabat pourrait prétendre à un meilleur classement si les «réformes du système des médias», annoncées par l’équipe Benkirane, «notamment la dépénalisation des délits de presse» étaient parvenues à se concrétiser. Une commission planche, depuis plus de quatre mois sur la rédaction d’un nouveau Code de la presse.
L’ONG déplore dans son document que «l’arbitraire et l’absence de transparence sont souvent de mise dans les prises de décision, notamment dans l’octroi et le retrait des accréditations». Une allusion plus que transparente à la mesure qui a frappé en octobre dernier le correspondant de l’AFP, Omar Brouksy, à cause d’un reportage sur les élections partielles tenues à Tanger.
A l’époque, le gouvernement justifiait sa décision par «des allégations mêlant l'institution monarchique à cette compétition électorale qui s'est déroulée dans un climat empreint de transparence, portant ainsi préjudice à sa position de neutralité et à son rôle d'arbitre se situant au-dessus de toute concurrence électorale entre les formations politiques, indique un communiqué du gouvernement».
En revanche, le rapport de RSF a omis de rappeler la condamnation du blogueur Sokrate à 18 mois de prison par la cour d’appel de Marrakech, officiellement, pour possession de drogue et non pas pour ses opinions politiques.
L’Algérie mieux classé que le Maroc
En dépit de sa toute légère «progression» dans le nouveau rapport de RSF, il est clair que Rabat peine, encore, à s’extirper des affres du bas du classement. Le Maroc est devancé par l’Algérie qui occupe le 125ième rang bien qu’elle ait reculé de trois places par rapport à l’édition 2012.
De son côté, la Tunisie n’est guère mieux lotie dans ce classement. Elle est 138ième, perdant ainsi quatre places. Force est de constater que le printemps arabe n’a guère amélioré la position de ce pays.
Le Qatar occupe la 110e place !
Parmi les «surprises» de ce classement, la position qu’occupe le Qatar. A la différence du Maroc, l'Algérie et le Tunisie, où existent une certaine liberté de presse et un pluralisme politique, le richissime émirat n’est pas encore arrivé à ce stade. Et pourtant, RSF le classe 110ième alors que cet Etat du Golfe interdit la presse indépendante, les partis politiques et les associations des droits de l’Homme. Même les indicateurs ayant servi à l’élaboration de ce classement, tels le «pluralisme», «l’indépendance des médias» «environnement et auto-censure», le Qatar est loin de les remplir.
Le 29 novembre 2012 un poète qatari a été condamné à perpétuité pour avoir écrit un poème rendant hommage à la révolution du jasmin en Tunisie.