A quelques heures du départ de l’opération humanitaire pour le village d’Anfgou et ses environs, ayant collecté plus de 18 tonnes de denrées alimentaires, de couvertures et de vêtements ainsi que 350 000 dirhams de dons, la mort a encore frappé les petits douars des montagnes de l’Atlas.
Décès d’un nouveau bébé
Hier, mercredi 9 janvier, un nouveau bébé âgée de 4 mois, prénommée Nadia Khouaou est décédée des suites d’une toux aïgue et de fièvre, après avoir attrapé froid, rapporte le site Lakome. Le décès du nourisson s’est produit dans le petit douar de Tamalout situé à une quinzaine de kilomètres d’Anfgou. Les parents n’avaient ni chauffage ni médicaments pour soigner le bébé. Ce nouveau décès intervient moins d’un mois après celui de Habiba décédée également des mêmes maux.
«Ce qui est révoltant dans cette affaire c’est que la caravane de la délégation du ministère de la Santé est passée par ce même village début janvier», lance Mounir Kejji, militant associatif joint ce matin par Yabiladi. C’est ce dernier qui a averti la presse de la mort de la petite Nadia après qu’un de ses contacts du village Tamalout l’ait informé de la mort du bébé. «Lors du passage de cette caravane, les gens qui avaient besoin d’une opération d’urgence ont été transférées à Midelt, des médicaments ont été distribués aux gens qui en avaient besoin. Mais une fois que la caravane repart, la réalité est toujours là. Les villageois se retrouvent seuls à affronter le froid. Le pire est que le seul dispensaire disponible à Tamalout, qui a été construit en 2004, est fermé jusqu’à présent», poursuit-il. Il ajoute ne pas connaitre les raisons de la fermeture du dispensaire.
Besoin d’infrastructures urgentes
«Encore une fois, ce dont les villages de la région ont besoin, c'est d’un plan d’urgence clair qui mette en place des infrastructures, des routes, qui amène l’électricité et l’eau dans ces villages. C’est tout de même incroyable que dans le seul dispensaire existant à Anfgou, il n’y ait pas accès à l’eau. Le personnel médical est obligé au quotidien de se débrouiller pour avoir de l’eau !» lâche-t-il. «Je suis révolté car ce sont des Marocains qui vivent dans ces villages. Eux ressentent beaucoup de hogra et ont le sentiment de ne pas faire partie de ce pays», déplore-t-il.
Quand la société civile remplace l’Etat
Mounir Kejji ne peut que soutenir les grandes initiatives comme celle de l’opération humanitaire qui part dès demain matin pour Anfgou avec des dizaines de tonnes de vivres. Cependant, il craint que chaque année, l’opération devienne une habitude, alors que c’est avant tout aux autorités du pays de veiller à ce que des Marocains ne meurent pas de froid chaque année. «Il est où l’Etat ? Ce n’est pas à la société civile de couvrir les défaillances de l’Etat. On a juste à prendre un salaire versé aux stars de Mawazine, comme celui versé à Shakira pour redonner un nouveau visage aux douars des montagnes. Rien qu’un million de dirhams peut permettre à construire un dispensaire», conclut-il. D'après les chiffres de Mounir Kejji, 7 personnes seraient mortes de froid cet hiver dans la région.
A l’heure où nous publions cet article, ni le ministère de la Santé ou de l’Intérieur n’ont réagi suite au décès du bébé Nadia Khouaou dans le douar de Tamalout.