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Grand Angle

Expulsion dans le no man's land Maroc-Mauritanie : 29 jours d'attente en plein désert

Aujourd'hui, le no man's land qui sépare les frontières marocaine et mauritanienne compte encore 12 personnes. Parmi elles, les 7 Congolais et leurs deux petits enfants, refoulés par le Maroc et que la Mauritanie refuse d'accueillir, depuis le 12 décembre, il y a 29 jours. Ils sont les derniers. Tous les autres migrants bloqués ont quitté la zone légalement ou non.

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Les 7 Congolais arrivés il y a 20 jours dans le no man's land entre le Maroc et la Mauritanie sont toujours bloqués.
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35 réchappés, 20 disparus et 12 personnes encore bloquées dont deux enfants en bas-âge. Près d’un mois après les premiers refoulements par le Maroc de Subsahariens à la frontière maroco- mauritanienne, 12 personnes sont encore bloquées dans la zone de no man’s land désertique de plusieurs kilomètres qui sépare les frontières marocaine et mauritanienne. Au plus fort de la crise, end décembre, près de 65 personnes se sont retrouvées bloquées.

Les associations marocaines d’aide au migrants sont parvenue, en fin d’année, à obtenir le passage en Mauritanie de près de 35 personnes. «Nous avions des amis parmi les personnes refoulées à la frontière par le Maroc, explique Eric William, membre d’Alecma, l’une de ces associations. Nous avons contacté toutes les ambassades, à Rabat, des pays qui comptaient des ressortissants parmi les personnes bloquées, ainsi que leurs ministères de tutelle pour obtenir la possibilité de rencontrer les ambassadeurs.»

35 personnes libérées

Après un sitting devant l’ambassade de Mauritanie, le 19 décembre, Alecma réussit à rencontrer le consul. Un étrange enchainement entre l’ambassade de Mauritanie à Rabat et les autres ambassades, au Sénégal, des migrants bloqués finit par déboucher sur la libération de près de la moitié des personnes bloquées dans le no man’s land. Les autres ont moins de chance.

Hier, mercredi 9 janvier, le père Jérôme, de la mission catholique est parti dans le désert rencontrer et apporter des vivres à ceux qui sont encore bloqués. «J’ai compté 12 personnes : 7 Congolais, un Nigérien, un Malien et un Espagnol, arrivé récemment» Les 7 Congolais sont là depuis le tout début, depuis le 12 décembre, soit 29 jours d’attente, aujourd’hui. Parmi eux, deux enfants en bas âge.

Vivre dans un camion abandonné

«Ils vivent dans un camion containeur abandonné dans cette zone. Avec d’autres associations nous leur apportons des vivres. Les gens qui traversent la zone en voiture leur donnent aussi de la nourriture et le chef de la brigade de la gendarmerie, leur amène de l’eau», raconte père Jérôme. Ils sont dans une situation particulière : ils «sont Congolais [Congo Kinshasa, ndlr] et ne veulent pas retourner dans leur pays car ils ont fui la guerre», souligne Aminata Tagni, chargée de suivi juridique au GADEM. «Ils m'ont raconté qu'ils étaient tous en contact par téléphone avec leurs ambassades au Sénégal pour trouver une porte de sortie», indique père Jérôme.

Les autres personnes qui n’ont pas obtenu de la Mauritanie le droit d’entrer, ni du Maroc de reculer ont choisi une troisième voie. «Les Congolais m’ont raconté qu’une vingtaine de personnes a décidé de quitter le camion et de partir dans le désert tout en restant dans la zone de no man’s land», rapporte père Jérôme, dans le but, sans doute, de trouver, loin des postes frontières, une zone où ils pourraient franchir l’une des deux frontières sans être arrêtés. «Malheureusement, c’est une zone très dangereuse. En dehors de la zone de passage frontalière habituelle, le sol est couvert de mines. Aujourd’hui, personne ne sait où ils sont, mais quand je suis passé je n’ai vu aucun cadavre», note père Jérôme.

Sévérité de la Mauritanie

Aujourd’hui 29 jours après que les premières personnes soient arrivées dans le no man’s land, l’on sait un peu mieux ce qui s’est passé. «Jusqu’ici, le Mauritanie avait toujours accepté de laisser entrer les personnes qui avaient un laissé passé de l’ambassade de leur pays. En décembre, elle s’est mise à appliquer scrupuleusement la loi : elle demande à ceux qui traversent la frontière un visa obtenu auprès de l’ambassade de Mauritanie au Maroc ou un passeport valide pour les ressortissants de pays qui n’ont pas besoin de visa pour entrer en Mauritanie», explique Aminata Tagni. Un revirement qui s’applique à tous sans distinction de nationalité et n’a pas été expliqué par la Mauritanie.

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