Lundi, Les députés du RNI ont interpellé le ministre de l’Intérieur sur ce qu’elle qualifie de «forte présence des Subsahariens» au Maroc, alors que les islamistes du PJD ont exprimé leur inquiétude, au chef du département de l’Emploi sur le nombre «important» des étrangers, notamment en provenance de l’Europe, qui travaillent dans le royaume et qui, selon eux, "privent" les compétences nationales de postes d’emploi.
Immigration subsaharienne : Alger ne collabore pas
Mohand Laenser, titulaire du maroquin de l’Intérieur, a reconnu que, durant les dernières années, l’immigration africaine a pris de «l’ampleur» et qu’elle a évolué. Elle ne considère plus le Maroc comme une terre de passage mais d’accueil. Le ministre a fait valoir que «l’engagement» de Rabat à lutter efficacement contre ce phénomène a permis de réduire de 56 mille le nombre des Subsahariens et ce depuis 2004.
Une année qui marque l’embellie des relations avec l'Espagne avec l’avènement du socialiste José Luis Zapatero au pouvoir. Laenser a, par ailleurs, indiqué que 13 000 Subsahariens ont, selon ses propos, choisi de retourner volontairement dans leur pays d’origine. Devant les députés, il a déploré que «l’engagement» du royaume ne peut en aucun porter ses fruits s’il n’y a pas de collaboration régionale. Une allusion plus que transparente à l’Algérie.
Dans sa réponse, le ministre a tenu à préciser que l’approche sécuritaire n’est pas la solution à cette question, il y a d’autres paramètres à prendre en considération, notamment «nos relations politiques avec les pays africains».
Pour mémoire, début décembre à Dakar, à l’occasion de la réunion de la sixième édition du sommet Africités, le ministre de l’Intérieur a déclaré que «le Maroc a toujours été une terre d'accueil pour nos frères africains, surtout ceux d'Afrique de l'Ouest. Il restera ce pays d'accueil, dans les limites de ses possibilités».
5800 étrangers travaillent légalement au Maroc
Le second volet consacré par les députés aux étrangers a abordé la situation des Européens qui travaillent au Maroc. Le titulaire du département de l’Emploi, en réponse à une question du groupe PJD, a déclaré que ces recrutements obéissent à une procédure juridique bien définie dans laquelle l’autorisation de l’ANAPEC (Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences) y est indispensable. Abdelouahad Souhail a précisé que se sont 5800 étrangers qui travaillent légalement dans le royaume.
Dans son droit de commentaire, un député du PJD a estimé que ces embauches priveraient les compétences marocaines de postes d’emploi et constitueraient même, selon ces termes, une opération déguisée d’évasion de devises. Pour étayer ses dires, il a cité l’exemple d’une grande société française qui accorderait 6000 dh (environ 580 euros) d’indemnité quotidienne à ces employés français lors de leurs déplacements.
Force est de constater que cette fois Souhail n’a pas commis aucun écart de langage. Pour mémoire, en août alors qu’il se trouvait à New York, le ministre soutenait que «l’afflux de Subsahariens et l’intérêt grandissant affiché par des ressortissants des pays du Nord» sont deux phénomènes «qui amplifient la crise de l’emploi au Maroc et peuvent aussi influer négativement sur les réalisations des politiques publiques nationales, en les rendant inefficientes et insuffisantes».