Javier Bardem accuse le Maroc de violences contre les Sahraouis

«Je suis allé au Sahara occidental pour la première fois en 2008 à l’occasion du Festival International du Film du Sahara, le seul du genre à avoir lieu dans un camp de réfugiés. J’y suis allée pour savoir un peu plus sur la situation dans cette région, qui a été largement exclue des agendas de la plupart des pays et ignorée par les médias en général. Comme c'est le cas pour tous ceux qui visitent cette région, je suis rentré chez moi choqué par les abus du Maroc à l’encontre des droits du peuple sahraoui. Je n’y ai passé que 10 jours. Depuis lors, j'ai essayé de m'impliquer dans cette question, et fait un film [Sons of the Clouds: The Last Colony] pour essayer d'accorder un peu d'attention à cette situation en grande partie oubliée», écrit l’acteur espagnol Javier Bardem dans une tribune publiée sur le site de CNN, jeudi 13 décembre.

Selon M. Bardem, la communauté internationale «laisse faire» le Maroc parce que ce dernier est un allié économique et stratégique pour l’Europe et les Etats-Unis. L’acteur revient également sur la présidence du Conseil de surveillance de l’ONU attribuée au Maroc pendant le mois de décembre. Il juge que le royaume chérifien ne devrait pas le faire, au moment où «les Sahraouis sont toujours privés de leurs droits». Bardem «craint que cela retarde le processus de résolution du conflit».

S’adressant à l'Assemblée générale de l'ONU sur la question du Sahara occidental en Octobre 2011, M. Bardem a déclaré qu’il n’appartient à «aucun groupe politique» et ne représente «aucun gouvernement».

Rabat condamne

Invité par CNN à répondre à Javier Badem, le gouvernement marocain a réagi dans une lettre rendu public ce vendredi. Son porte-parole, Mustapha El Khalfi, estime que la tribune de l’acteur espagnol est «une représentation irréelle et propagandiste sur la situation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf», rapporte la MAP. D’autant que, relève-t-il, le rapport 2008 de Human Rights Watch publié sur la situation des droits de l’Homme au Sahara et dans les camps de réfugiés de Tindouf, démontrait avec preuves à l’appui que la violation des droits de l’Homme dans la région était imputable au Front Polisario.

«Il est clair que Bardem n'est pas suffisamment au fait des efforts déployés par le Maroc pour promouvoir les droits de l'Homme au Sahara», a souligné El Khalfi, citant comme effort, notamment, la création de l'Instance équité et réconciliation en 2004, qui a reçu environ 5.000 dossiers au sujet de violations passées au Sahara. Sans parler du milliard de dollars alloué entre 2004 et 2010 pour les investissements économiques dans la région et la réalisation de 844 projets dans le domaine du développement humain de 2005 à 2011.

En outre, le ministre rappelle qu’en plus de ces actions, le Maroc a présenté son projet visant à accorder l'autonomie au Sahara. Des «efforts sérieux et crédibles» pour faire avancer le processus de règlement du conflit qui ont été «favorablement appréciés» par le Conseil de sécurité de l’ONU, relève M. El Khalfi, soulignant que Javier Bardem avance des accusations dont il n’a «aucune preuve».

Spot du film Sons of the Clouds: The Last Colony