La visite de Jean-Marc Ayrault au Maroc, pour l’inauguration du tramway de Casablanca, à une semaine, exactement, du déplacement officiel de François Hollande en Algérie, n’a pas manqué de susciter la comparaison entre les deux pays frères ennemis. Interpelé sur la visite de François Hollande à Alger, le premier ministre français a choisi de ne pas choisir : Le Maroc n’a «rien à craindre d'un dialogue plus étroit entre Paris et Alger», estime Jean Marc Ayrault, dans une interview au Matin.
«Je pense qu’il faut parler avec Alger comme il faut parler avec le Maroc. Le roi du Maroc m’a dit spontanément qu’il comprenait fort bien la visite de François Hollande, président de la république française, en Algérie. Il attend la sienne au début de l’année prochaine, mais pour lui c’est une évidence. Il n’y a pas de compétition entre les uns et les autres», a-t-il insisté sur BFM TV.
Rassurer Rabat
Si la presse algérienne se délecte avec malice du ton rassurant qu’emploie le premier ministre français à l’adresse de Rabat, la question des relations qu’établiraient les socialistes avec le Maroc et l’Algérie s’ils parvenaient au pouvoir se posait déjà à la veille de la présidentielle. «Hollande menace-t-il la love story franco-marocaine?», titrait Slate Afrique en mai.
Alors que Nicolas Sarkozy avait établit une relation personnelle avec Mohamed VI et a très souvent résidé en vacances à Marrakech, au cours de son mandat, François Hollande est beaucoup plus penché vers l’Algérie. «J’ai avec l’Algérie une relation ancienne; j’y ai séjourné près d’un an en 1978 à l’occasion de mon stage à l’ENA et j’y suis revenu régulièrement», a raconté François Hollande, dans une interview au journal algérien l’Expression, le 8 décembre 2010, à l’occasion d’une visite en Algérie.
3 visites officielles en Algérie
Cette année là, François Hollande, celui qui n’était déjà plus, alors, secrétaire général du parti socialiste, ne s’est pas rendu au Maroc, dans la foulée de sa visite en Algérie. En tout et pour tout François Hollande, n’est donc venu au Maroc qu’une seule fois, en 2006, lors d’une tournée des pays du Maghreb, Algérie comprise, alors qu’il est premier secrétaire du PS. «Il s’agit pour le Parti socialiste de confirmer, à la veille d’échéances décisives, notre attachement à la qualité des relations entre la France et le Maroc, Il s’agit aussi, et en lien avec ma visite en Algérie, de définir les bases d’une politique de coopération avec le Maghreb dans le cadre du projet euro-méditerranéen qui doit lui-même se renouveler», a-t-il expliqué dans une interview à l’Economiste, à l’occasion de sa visite.
En 2012, dans le cadre de campagne électorale pour l’élection présidentielle, François Hollande prévoit une nouvelle tournée au Maghreb et annonce une visite au Maroc pour la fin mars. Quelques semaines plus tard, il annule tous ses déplacements à l’étranger, y compris en Algérie. Le candidat préfère se concentrer sur la France, où, pense-t-il, se joue réellement la campagne.
Depuis, François Hollande a été élu et «le premier chef d’Etat qui a rencontré le président de la République après son élection c’est le roi Mohamed VI», a souligné Jean Marc Ayrault, lors d’une interview pour BFM TV, hier, sur le tarmac de l’aéroport d’Orly. Pourtant, François Hollande consacre finalement sa première visite au Maghreb à l’Algérie. Il devrait venir au Maroc qu’en début d’année prochaine.