Le 10 décembre est la journée mondiale des droits de l’homme. Au Maroc, un collectif d’ONG, réunissant 18 associations, célèbre, à sa manière, cet anniversaire par le lancement d’une campagne réclamant la libération des détenus politiques du Mouvement du 20 février (M20F). Une initiative dévoilée, jeudi 6 décembre, à Rabat. L’objectif nodal est de faire «pression sur l’Etat marocain» pour qu’il relaxe tous les prisonniers dits politiques à travers une mobilisation nationale et internationale.
Dans un rapport présenté, à cette occasion, la Coalition marocaine des associations des droits de l’homme a énuméré 70 personnes arrêtées appartenant au M20F que Les tribunaux du royaume ont condamné à des périodes d’emprisonnement oscillant entre quelques mois et 12 ans. Une lourde condamnation prononcée, en octobre, par la cour d’appel d’Al Hoceima, contre Bachir Benbouchaib.
Hasard du calendrier, la journée mondiale des droits de l’homme coïncidera avec le début, toujours à la Cour d’appel d’Al Houciema, du procès de Halim Bekkali, membre du Mouvement du 20 février, condamné, en juillet, en première instance, à quatre ans de prison ferme.
Les morts ne sont pas oubliés
La campagne que s’apprête à lancer la Coalition marocaine des associations des droits de l’homme appelle les autorités à faire toute la lumière sur les conditions du décès de cinq jeunes dont les cadavres ont été retrouvés calcinés dans le siège d’une agence bancaire à Al Houceima, le 20 février 2011. A l’époque le ministère de l’Intérieur avait annoncé : «enquête est en cours sur instructions du parquet, pour déterminer les causes et les circonstances de ces actes».
Une enquête dont les premières conclusions donnent amplement raison à la version officielle. Le 2 mars 2011, un communiqué du procureur général près la Cour d'appel de cette ville indiquait que «le Parquet de la Cour d'appel d’Al Houceima a reçu les résultats des deux autopsies qu'il avait ordonnées et qui confirment que la mort est due à l'incendie […]. Le rapport de la deuxième expertise réalisée par trois médecins légistes «a attesté de l'absence de traces de torture sur les corps des cinq personnes décédées, de même qu'il a établi qu'elles étaient encore en vie au moment du déclenchement du sinistre».
Les «dispersions» par la police
Ces décès ne sont pas les seuls. Il y a ceux de Karim Echaib de Sefrou, Kamal Ammari de Safi, qui ont trouvé la mort respectivement le 20 février et le 29 mai 2011 lors de marches du M20F, et Kamal Hassani tué, en octobre de la même année, par un individu.
Le lancement de cette campagne intervient dans un contexte de tension entre le gouvernement et les ONG des droits de l’homme sur le droit à la protestation. Le 30 novembre, devant les députés, Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement, a souligné que «la dispersion par la police de rassemblements se fait lorsque la circulation sur la voie publique est perturbée ou l'ordre public menacé».