Environ 80% des enfants d'origine marocaine ou turc ne peuvent pas utiliser leur langue en classe ou au moment de la récréation dans les écoles en région flamande, au risque de recevoir une punition, selon un sondage réalisé par les chercheurs des universités d’Anvers, de Gand et Louvain, dont les détails ont été publiés par le site De Standaard. «La stigmatisation des Turcs, Arabes et Berbères est la plus forte à l'école. Ça pèse sur la manière dont les enfants se sentent à l'école», affirme Noel Clycq, coordonnatrice du projet et relié à l'Université d’Anvers. Elle estime qu’à la longue, le bien-être de ces enfants dans les écoles peut en pâtir.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont interrogé plus de 11 000 élèves du secondaire, mais aussi des directeurs d'école, des professeurs et des parents. L'enquête plaide pour que les écoles s'ouvrent davantage aux langues parlées par leurs élèves à la maison. Un processus lent, car «en région flamande, le rapport avec la culture est peu plus violent», relève Najat, professeur de néerlandais à Bruxelles, contacté par Yabiladi. D’ailleurs, l'administration flamande accorde une grande importance au fait que les étrangers établis dans la région s’expriment correctement en néerlandais. Faute de quoi, ils peuvent devoir payer une amende de près de 5 000 euros.
Bruxelles : ‘non’ au darija et ‘non’ à la punition
Par contre dans les autres régions du pays comme Bruxelles, le rapport avec la culture prend un autre sens. Ici, Boukabba, Leila, Isham et Mohamed, étudiants et travailleurs, s’étonnent d’entendre dire que des enfants marocains sont punis parce qu’ils parlent «darija» à l’école. Najat enseigne dans une école primaire bruxelloise dans laquelle «80% des enfants sont d’origine marocaine», dit-elle. Puisque le «darija» est la langue parlée à la maison, ces enfants l’utilisent régulièrement à l’école pour échanger entre eux.
Ici, pas question de les punir. Najat et son équipe emploient d’autres méthodes pour contrarier leur penchant naturel. «Quand ils parlent dans la cour de récréation ou dans les couloirs de l’école, on les prend à part pour leur expliquer la nécessité de s’exprimer en français. Quand ça se passe en classe, on essaie de les valoriser en leur demandant quel genre d’arabe ils parlent, de quelle région ils viennent… Et là, on en profite pour leur expliquer que parce qu’ils sont à l’école, ils doivent parler français», raconte Najat.
Pour cette enseignante, «c’est vraiment un travail psychologique». Elle admet que ce n’est pas facile, mais qu’ils obtiennent des résultats. «Nous avons décidé de ne pas les punir. Ils sont déjà assez frustrés par le fait qu’ils sont différents, donc on essaie de les valoriser», confie-t-elle, soulignant que l’équipe dirigeante discute régulièrement sur le sujet se met d’accord sur une méthode à utiliser pour que les enfants marocains parlent davantage le français à l’école.
Etant elle-même d’origine marocaine, Najat est régulièrement confrontée au fait que les élèves s’adressent à elle en darija. «Je leur explique ce n’est pas parce que je suis Marocaine qu’ils doivent me parler la langue et combien il est important de s’ouvrir aux autres en parlant la langue qu’ils comprennent».