Le Parlement européen a adopté, le jeudi 1er juin, une résolution impliquant le Maroc dans la liste des pays étrangers accusés d’«ingérences» dans les affaires des pays de l’UE. Neuf jours plus tôt, les présidents des deux Chambres du Parlement marocain ont adressé, le 22 mai, une lettre à la présidente de l’hémicycle européen, Roberta Metsola.
Un courrier rendu public, samedi 3 juin, dans une dépêche de la MAP. «Nous avons été surpris par les positions injustes, contenues dans le projet de rapport sur l’«ingérence étrangères dans tous les processus démocratiques de l’Union européenne y compris la désinformation», déplorent Rachid Talbi El Alami et Enaam Mayara.
«Ce projet sera, comme vous le savez, soumis au vote de la prochaine plénière du Parlement européen. A en juger par son contenu inquisitoire et ses recommandations hostiles, ce projet, s’il est adopté, handicapera toute perspective positive entre nos deux institutions», ont averti les présidents de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers.
Une mise en garde ignorée par les eurodéputés
La partie marocaine se dit déçue par la teneur du rapport, présenté par l’eurodéputée lettone Sandra Kalniete, du groupe du Parti populaire européen. «Nous en appelons au sens de la responsabilité qui ressort de votre lettre, et vous invitons à donner effet à votre décision de désigner la composante européenne de la Commission parlementaire mixte, afin que cette commission -à travers ses co-présidents marocain et européen- puisse se réunir immédiatement et s’entendre rapidement sur une issue favorable».
«Si notre partenariat a pour vocation de surmonter des questions difficiles, force est de constater que ce que nous relevons trop souvent dans les propos et les documents issus du Parlement européen à l’endroit du Maroc, se situe au-delà du cadre de la critique constructive, et s’inscrit ouvertement dans l’offensive injuste et infondée», constatent les auteurs de la lettre.
Rachid Talbi El Alami et Enaam Mayara ont, par ailleurs, rappelé que la résolution du 19 janvier, exigeant la libération des journalistes détenus au Maroc, a «eu un impact profond sur l’image du Parlement européen auprès de toutes les forces vives de la Nation marocaine».
Dans la résolution du Parlement européen adoptée le 1er juin, le Maroc y est cité à trois reprises. Ainsi, les eurodéputés dénoncent «la stratégie de harcèlement judiciaire appliquée par le Royaume du Maroc à l’encontre du journaliste espagnol Ignacio Cembrero». Ils disent aussi condamner «les tentatives présumées de pays étrangers, notamment du Qatar et du Maroc, d’influencer des députés, d’anciens députés et des membres du personnel du Parlement européen par des actes de corruption» et réaffirment «la nécessité de suspendre immédiatement tous les travaux sur les dossiers législatifs concernant le Qatar et le Maroc et de désactiver les badges d’accès des représentants d’intérêts de ces deux pays, en attendant que l’instruction judiciaire fournisse les informations et éclaircissements appropriés et détermine les dossiers susceptibles d’avoir été compromis par cette ingérence étrangère».
La résolution a été approuvée, le 1er juin, par 469 voix, 72 contre et 75 abstentions.