Apparemment, l’expertise sécuritaire marocaine séduit les nouvelles autorités libyennes. C’est du moins ce qu’avance Al Massae dans son édition d’aujourd’hui. Selon ce quotidien, le premier ministre, Ali Zaidan, aurait noué «des contacts avec des responsables marocains afin de les convaincre de chapeauter l’opération de la restructuration de l’armée nationale, de la Sûreté et des services secrets libyens». Tout un programme.
Au cours de ces entretiens avec les officiels de Rabat, Zaidan n’aurait pas tari d’éloges sur le Maroc «seul pays frère capable, actuellement, de soutenir le peuple libyen», et ce, en mettant son expérience au service du gouvernement de Tripoli. Al Massae ajoute que la Jordanie pourrait contribuer, également, à la mise à niveau de l’armée libyenne.
L’ordre fait grand défaut
Cette sollicitude intervient dans un contexte très tendu en Libye. Le nouveau pouvoir n’a pas réussi, jusqu’à présent, à asseoir son emprise sur tout le territoire. Les groupes islamistes fortement armés règnent en maîtres dans plusieurs régions du pays y compris la capitale, preuve en est les affrontements du début novembre entre deux factions rivales, causant la blessure de cinq personnes. Il a fallu, comme le relève le quotidien en ligne, libya-alyoum.com, attendre douze heures de combat avant que les premiers soldats de l’armée régulière n’interviennent et rétablissent l’ordre. Un ordre qui fait grand défaut.
Les événements de Bani Walid, une ville tombée entre les mains des Kadhafistes pendant plusieurs jours avant d’être chassés par l’armée et l’attaque, en septembre, du consulat américain de Benghazi montrent à quel point la restructuration des différents corps de l’armée et des services secrets libyens est nécessaire.Ces incidents ne sont pas des cas isolés, loin de là. Rien qu'avant-hier, une dépêche de l'AFP nous apprend l'assassinat du responsable de la police de Benghazi par des "inconnus".
S’inspirer de l’expérience de l’IER
Selon toujours le quotidien Al Massae, le nouveau premier ministre, Ali Zaidan, aurait exprimé aux responsables marocains son souhait de s’inspirer de l’expérience de l’Instance Equité et Réconciliation afin de mettre en place un mécanisme similaire à même de mettre toute la lumière sur les violations des droits de l’Homme sous la dictature de Kadhafi (1969-2011).
Il est utile de rappeler que Zaidan était le président de la Ligue libyenne des droits de l’Homme et qu’il a longtemps vécu au Maroc en tant exilé politique. C’est d’ailleurs, lui, qui était à l’origine des premières révélations sur la participation des milices du Polisario dans les combats aux côtés des forces de Kadhafi contre les rebelles.
Par ailleurs, aucune visite officielle du premier ministre libyen au Maroc n’est programmée, sachant que son prédécesseur, Abderrahim El Kib, s'était rendu au royaume en août. En revanche, Zaidan prépare un déplacement en Algérie. C'est une information publiée, aujourd'hui, par le quotidien algérien Echourouk Al Yaoumi.