2013 sera-t-elle l’année de l’ébauche de la réforme de la caisse de compensation ? Le quotidien Akhbar Al Yaoum, dans son édition d’aujourd’hui, annonce que, désormais, Abdelilah Benkirane, a le feu vert royal pour commencer ce grand chantier. Lequel fait suite à la réunion, vendredi à Marrakech, entre le roi Mohammed VI et le chef du gouvernement en présence de Abdellah Baha et Driss Azami, respectivement ministre d’Etat sans portefeuille et ministre délégué chargé du Budget. Une rencontre que nous a confirmé, d’ailleurs, Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD, ajoutant qu’elle intervient suite à une demande de Benkirane. Les trois responsables sont tous du PJD.
Parapluie royal
Le redressement de la caisse se fera progressivement en retirant les aides dont bénéficient les grandes sociétés publiques et privées en les accordant directement aux démunies. Une première au Maroc. La réussite d’une telle entreprise au Maroc ne peut se faire sans l’aval royal. La démarche de Abdelilah Benkirane est judicieuse. Elle lui fournira une protection contre royale contre l’hostilité des milieux d’affaires qui profitent largement, et depuis des années, des ressources de la caisse de compensation.
Un constat que, d'ailleurs, a corroboré une récente étude du Conseil de la concurrence (consultatif). Les interventions de la caisse dans les trois principales filières sucres, farines et carburant profitent aux grands opérateurs industriels avec respectivement 95,1%, 96,1% et 94, 8%. Une autre forme de l’économie de rente, pire que les agréments de transports routiers et les carrières de sables et de pierres, que le gouvernement dirigé par les islamistes modérés du PJD a promis de combattre.
L’absence de Nizar Baraka soulève des interrogations
Nizar Baraka, l’argentier du royaume, également membre de l’Istiqlal de Hamid Chabat, était absent au rendez-vous de Marrakech. Sommes-nous en face d’une absence ou d’une mise à l’écart ? La réponse à cette question ne fera qu’envenimer, davantage, les relations assez tendues entre les islamistes de Benkirane et les istiqlaliens de Hamid Chabat.
Par ailleurs, les détails de ce grand chantier ne sont pas encore connus mais l’initiative, en elle-même, et surtout l’adhésion royal, devront augmenter la cote de popularité du PJD. Un atout qui ne sera pas négligeable en 2013, une année de grandes consultations électorales : municipales, régionales et à la Chambre des conseillers. Un enjeu qui ne devra pas échapper à l’opposition pour tenter de réduire au maximum la touche des «frères» de Benkirane sur le projet de la caisse de compensation en recourant à la même stratégie du chef de gouvernement : impliquer davantage le roi Mohammed VI dans ce chantier pour qu’il apparaisse, en fin de compte, comme une initiative royale et non du PJD. On n’est pas encore sorti de l’auberge.