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Grand Angle

Maroc : Le député et ancien ministre Mohamed Moubdie arrêté à Rabat

Ce mercredi matin, des éléments de la Brigade nationale de la police judiciaire ont arrêté l'ancien ministre, parlementaire et leader du Mouvement populaire Mohamed Moubdie. Fraîchement élu président de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme à la Chambre des représentants, il fait l’objet d’une enquête pour des dysfonctionnements constatés dans la gestion de la commune de Fqih Bensaleh qu’il préside depuis 1997.

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Mohamed Moubdie avec le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. / DR
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Des membres de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) ont arrêté, ce mercredi, le parlementaire et leader du Mouvement populaire, Mohamed Moubdie, à son domicile à Rabat. Selon des sources concordantes, l'arrestation intervient afin de traduire l’ancien ministre et président du Conseil municipal de Fqih Bensaleh devant le procureur du roi près la Cour d'appel de Casablanca.

Ce nouveau développement intervient alors que l’ancien ministre délégué chargé de la Fonction publique sous le gouvernement Benkirane II faisait l’objet, depuis quelques années, d’une enquête menée par la BNPJ pour des dysfonctionnements constatés dans la gestion de la commune de Fqih Bensaleh qu’il préside depuis 1997. Selon les mêmes sources, le procureur du roi a ordonné l'interpellation de l'élu, qui est déjà interdit de quitter le territoire national.

L’arrestation fait surtout suite à la mobilisation de l’Association marocaine de protection des biens publics (AMPBP). Mardi matin, une délégation de son bureau régional à Casablanca s'est rendue au bureau du procureur du roi près la cour d'appel de Casablanca pour aborder à nouveau le dossier de Mohamed Moubdie. Sur sa page Facebook, le président de l’ONG, Mohamed El Ghalloussi a expliqué que la délégation «a passé en revue les développements et le déroulement de l'enquête qui a débuté en février de l'année 2020». L’occasion d’insister sur le fait que les résultats de l'enquête n’avaient pas été «dévoilés jusqu'à présent, ce qui contredit les exigences constitutionnelles qui insistent sur la nécessité de traiter les affaires dans un délai raisonnable».

Moubdie et l’élection de trop ?

«Retarder la prise de décision dans ce dossier porterait atteinte au droit et à la justice et contribuerait à faire prévaloir l'impunité», a dénoncé Mohamed El Ghalloussi qui a rappelé que son ONG «tient à activer le lien entre la responsabilité et la reddition de comptes» et a noté que «la section régionale de l'association est très préoccupée par le retard dans l’enquête sur cette affaire qui a dépassé les limites raisonnables».

«L'affaire Mohamed Moubdie n'est pas l'affaire d'une personne en particulier. C’est une affaire d'Etat de droit et de justice, et les Marocains se demandent si les relations et les responsabilités politiques et institutionnelles de la personne sont à l'origine du retard, dans un dossier où tous les documents, y compris les rapports délivrés par les institutions officielles d’audit, indiquent des faits ayant un caractère criminel et punissables par la loi.»

Mohamed El Ghalloussi

L'ancien ministre chargé de la Fonction publique et président du Conseil municipal de Fqih Bensaleh a fait parler de lui il y a quelques jours. En début de semaine, il s’est porté candidat pour succéder à Mohamed Fadili, à la tête de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme à la Chambre des représentants, dont le siège parlementaire a été révoqué par la Cour constitutionnelle. Candidat unique, Mohamed Moubdie a même été élu à la tête de l’instance après avoir obtenu 250 voix.

Une candidature qui a suscité un déluge de commentaires sur les réseaux sociaux, d'autant plus que l’élu fait toujours l'objet d'une enquête de la BNJP alors qu’il s’agit de l’une des plus importantes commissions du Parlement. Certains parlementaires ont décidé de se retirer de la séance de vote, tandis que d'autres ont préféré déposer un bulletin blanc.

Des sources médiatiques ont indiqué dans la journée que Moubdie a finalement présenté sa démission de la présidence de la commission. Le Mouvement populaire (MP), dont il est issu, serait secoué et son bureau politique compte tenir, ce mercredi, une réunion d’urgence pour discuter de son arrestation, apprend-on.

La réaction du Mouvement populaire

Dans un communiqué publié ce mercredi, le arti du Mouvement populaire a expliqué avoir «suivi et suit avec beaucoup d'intérêt le cas de M. Mohamed Moubdie». En conséquence, la formation politique a indiqué que la nomination de son élu à la tête de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme à la Chambre des Représentants «s'est appuyée sur le fondement des dispositions de la Constitution, ainsi que la loi de procédure pénale, qui énonce la préemption de l’innocence».

Le MP évoque des «soupçons qui n’avaient pas atteint le niveau de poursuivre ou condamner» son élu, ce qui a fait la nomination soit «normale» et sans qu’elle ne soit «soumise à aucune restriction tant qu'il jouit de tous ses droits politiques et civils garantis par la loi». «Après la publication d'instructions de la justice pour poursuivre Mohamed Moubie, le Parti du mouvement populaire, tout en renouvelant sa confiance dans l'indépendance du pouvoir judiciaire, salue la décision courageuse et sage du Frère Moubdie de présenter sa démission de la présidence de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme de la Chambre des représentants», ajoute le parti de l’Epi. Ce dernier de dénoncer, au passage, la «campagne médiatique systématique» qui a visé son élu et qui «n’a pas tenu compte de la présomption d'innocence jusqu'à ce que la justice ait dit son dernier mot».

Article modifié le 26/04/2023 à 17h59

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