Les jeunes Marocains Résident à l’Etranger n’ont pas fini d’étonner de par leur créativité et leur envie de lancer à tout prix un projet dans leur pays d’origine. Yabiladi s’est rendu aujourd’hui à la seconde rencontre avec les investisseurs de la diaspora marocaine à Casablanca dans le cadre du programme ACEDIM (Accompagnement à la Création d’entreprise pour la Diaspora Marocaine). Une rencontre organisée par l’Agence pour la Coopération Internationale et le Développement local en Méditerranée (ACIM) et la Fondation Création d’Entreprises du groupe Banque Populaire. Objectif : accompagner 50 porteurs de projets MRE souhaitant investir ou créer une entreprise au Maroc afin de les aider à mener à bien leur projet en toute sécurité, tant au niveau financier, fiscal, juridique qu’administratif. Nous avions assisté à la première rencontre en juin dernier avec la participation d’une vingtaine de porteurs de projets. Aujourd’hui, 20 autres entrepreneurs ont présenté leur projet à la presse.
Une voiture volant à 50 mètres du sol !
L’un d’eux est certainement le plus fou de tous. Il s’agit du projet «Dinner in the sky» présenté par Réda Jebbrouni, allemand d’origine marocaine d'Oujda, âgé de 35 ans, accompagné de sa collègue Warda Deutsch. L’idée : permettre à des gens de se retrouver assis autour d’une table pour diner ou boire un verre à plus de 50 mètres du sol à l’occasion d’évènements marketing, évènementiels ou pour faire la publicité d’un tout nouveau produit qui vient de sortir.
Ce concept n’est pas nouveau et n’a pas été créé par notre jeune porteur de projet MRE. «L’idée de Dinner in the sky a été lancée en Belgique par David Ghysels. Et en Allemagne, on a été le premier pays au monde a acheté cette table il y a 6 ans. Aujourd’hui 44 pays du monde exploitent ce concept mais il y a une seule exclusivité vendue par pays. Je possède aujourd’hui l’exclusivité à vie pour le vendre au Maroc mais également pour l’Algérie et la Tunisie», explique Réda Jebbrouni. «Notre mission est de faire que le produit que notre client veut vendre soit visuellement inoubliable. Nous souhaitons que les gens puissent parler durant des jours de ce produit qui a volé dans le ciel devant leurs yeux surtout qu’avec les médias sociaux, vous pouvez être sûrs de voir circuler les vidéos du produit sur le net», poursuit-il.
Derrière son look décontracté, on pourrait prendre Réda Jebbrouni pour un adolescent rêveur, ambitieux et sûr de lui. Par provocation ou pure simplicité, Réda a d’ailleurs présenté son concept ce matin aux banquiers et experts en création d'entreprise en jeans et en sweat-shirt alors que tous les autres porteurs de MRE portaient costume cravate. Mais attention aux apparences ! Réda Jebbrouni est un véritable publicitaire aguerri qui n’a pas froid aux yeux et qui sait ce qu'il veut. Après avoir fait des études de marketing en Allemagne, il a crée son entreprise et travaille dans l’organisation d’évènements marketing depuis 12 ans. Après avoir sillonné le monde avec le concept "Dinner in the sky", le Maroc fait partie désormais de son tableau de chasse. «Le Maroc, c’est mon pays. J’ai remarqué que ces dernières années, les Marocains se sont beaucoup ouverts et je sens qu’ils sont prêts à ce genre de concept spécial et unique. J’ai remarqué aussi que les médias sont beaucoup plus ouverts», estime-t-il. Le constructeur automobile Peugeot a été le premier à succomber à ce concept. En octobre dernier, Réda et son équipe venue d’Allemagne ont fait voler dans les airs le dernier modèle de la marque, la 208, fraîchement lancée au Maroc.
Les difficultés rencontrées
Alors qu’il propose sa table volante «Dinner in the sky» depuis 6 ans en Allemagne, pays connu pour sa rigueur et soucis du détail, proposer ce concept au Maroc peut s’avérer compliqué. Réda Jebbrouni en a très vite fait les frais, rien que pour faire passer par la douane marocaine son immense matériel composé de la table, grue, câbles interminables et ses 22 chaises. Les douaniers ont bloqué durant plusieurs jours sa table car ils ne comprenaient pas comment une simple table et ses chaises pouvaient couter aussi cher, d’après le prix déclaré à la douane. Réda Jebbrouni a été obligé de se déplacer à la douane avec son PC à la main pour montrer des vidéos et expliquer son concept créant enthousiasme, fascination et fous rires chez les officiers.
Passé la case douane, Réda a dû crée ensuite son entité au Maroc et surtout décrocher les autorisations nécessaires pour mener ce genre de projet, trouver une bonne assurance et un expert-comptable. «Ca m’a pris au total 10 mois pour faire ces démarches administratives», explique-t-il. «Mais la plus grosse difficulté que j’ai rencontré c’est que je ne parle pas le français et je lis un peu l’arabe. Je ne comprends pas comment le Maroc peut vouloir faire du business à l’international alors que personne ne parle l’anglais. Si tu veux mon argent, parle-moi dans ma langue alors !», lâche-t-il d’un ton sec.
Au total, «Dinner in the sky» a séduit plus de 200 entreprises marocaines spécialisées en communication évènementielle que Réda a contacté l’une après l’autre durant ces 10 mois passés au Maroc. Cependant, elles ont très vite été refroidies lorsqu’elles ont vu le prix que ce service pouvait coûter. «Je leur répondais : la sécurité à un prix. Vous ne pouvez pas acheter une Mercedes classe S avec le budget d’une Fiat Uno», lance-t-il, ne souhaitant pas donner le montant exact de ses prestations. Au final, Réda acceptera de signer un contrat avec l’une d’entre elles et ce pour une durée de 3 ans.
«Beaucoup de mes contacts au Maroc m’ont mis en garde aussi contre les retards de paiement qui existent ici. D’ailleurs l’un d’eux, un entrepreneur attend toujours son paiement d’une société de télécommunication et ne peut même pas payer aujourd’hui son loyer. Pour moi, c’est très simple. Lorsque l’un de mes clients fixe avec moi une date pour son évènement, ils paient 50% de la somme ce jour-là et les 50% restant une dizaine de jours avant l’évènement. S’ils ne paient pas, je ne viens pas», lance-t-il. «Cela a d’ailleurs été l’une des plus grandes craintes de mes parents lorsqu’ils ont appris que je voulais lancer ce projet au Maroc. Mes parents m’ont dit de ne pas venir au Maroc pour faire du business. Ils se sont arrêtés à un Maroc datant de plusieurs décennies. Mais je leur ai dit que si les clients ne voulaient pas me payer en avance, ils n’auront pas mes services. C'est la seule sécurité que j'ai», conclut-il.
Le prochain rendez-vous "Dinner in the Sky" que Réda Jebbrouni veut lancer est celui qui va officialiser le lancement du concept lui-même au Maroc, rendez-vous prévu d’ici la fin de ce mois de novembre, dans les airs de Casablanca.
Evènement Dinner in the sky en Roumanie