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Grand Angle

Diaspo #283 : Hamid Fakhoury, de la scène internationale de la mode à la sculpture

Se lançant dans la sculpture à partir des années 1990, Hamid Fakhoury développe un style artistique qui lui est propre, dénotant d’une quête spirituelle dont il suit le chemin depuis plusieurs décennies. S’intéressant à l’art chrétien et islamique, il cherche ainsi à proposer des créations en confirmité avec ses croyances. Avant cela, l’artiste a d’abord fait son nom dans la mode.

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Hamid Fakhoury
Temps de lecture: 3'

Né en 1965 à Casablanca, Hamid Fakhoury arrive en France un mois plus tard avec ses parents, qui se sont installés dans l’Oise. «J’ai connu le Maroc surtout à travers les vacances d’été, qu’on passait dans la ville natale», nous confie-t-il, se rappelant de la maison basse familiale dans le centre historique de la métropole. En France, il apprend les arts plastiques en autodidacte, après avoir quitté l’école une année avant le baccalauréat.

Mais avant d’évoluer dans la sculpture, Hamid Fakhoury s’est consacré principalement au mannequinat, qu’il a commencé avec l’agence Elite dès l’âge de 16 ans. «Avec ce travail, j’ai pu faire le tour du monde, pendant très longtemps, tout en travaillant avec les plus grands créateurs internationaux», se rappelle-t-il fièrement.

Figure internationale du mannequinat dans les années 1980

Au début des années 1980, les mannequins internationaux d’origine marocaine sont très rares, encore plus chez les hommes. Hamid Fakhoury est l’un des tous premiers à avoir fait sa place. Une fois recruté à Paris, il multiplie rapidement les collaborations avec les plus grands noms de la haute couture et de la mode : Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gauthier, Yohji Yamamoto, Tokio Kumagai, entre autres.

Hamid Fakhoury travaille également avec de grands photographes internationaux, comme Oliviero Toscani et Paolo Roversi, pour des campagnes publicitaires, des photos portrait en grand format, des catalogues ou des illustrations de mode dans les magazines. «J’ai fait du mannequinat pendant très longtemps et même en perdant de l’intérêt pour le domaine, avec le temps, j’ai continué à être appelé pour des collaborations, que je ne refusais donc pas», se souvient-il.

Mais à partir des années 1990, Hamid Fakhoury ne fait plus de voyages fréquents. «Malheureusement, j’ai perdu beaucoup d’amis, mannequins eux aussi. Selon les contrats, il nous est arrivé de travailler à un rythme très intense, tous les jours sauf le dimanche, en alternant les shootings et les défilés. C’est un métier très physique alors qu’on ne le voit pas ainsi de l’extérieur», indique-t-il.

L’artiste assiste par ailleurs à des cours de sculpture en séance du soir, dans les écoles des beaux-arts, mais il n’y trouve pas un grand engouement. Il se consacre de plus près à la vie des monastères en France. «J’ai appris beaucoup de choses dans l’icône et l’art chrétien, puis en me consacrant ensuite aux mosquées, j’ai développé mes créations de sculpture», nous a-t-il déclaré. En dix ans, il estime avoir appris les théories de l’art islamique dans les mosquées, à travers les livres qui y sont disponibles.

Souhaitant évoluer dans les sculptures de figuration, il confie à Yabiladi avoir été «à la recherche d’une conformité avec l’islam». «J’ai fait beaucoup de progrès, en dix ans, j’ai travaillé tous les jours du fajr jusqu’à dix heures du matin pour progresser, afin de pouvoir proposer des sculptures élaborées», se rappelle-t-il.

Des créations qui attirent les collectionneurs

Hamid Fakhoury travaille par ailleurs sur des projets avec la Fondation Antoine de Saint-Exupéry. Il bénéficie de nombreuses occasions d’exposer, au moins deux fois par an. Entre 1993 et 2005, ses expositions se sont succédées et ses œuvres se sont vendues très rapidement. Plus tard, il fait la connaissance de collectionneurs privés et de galeristes, qui lui achètent également des œuvres. Il développe aussi ses créations dans la peinture.

«J’ai connu notamment ma galeriste, Cécile Dufay, pendant le confinement, en lui proposant mes sculptures qui sont désormais très vendues à travers elle», se félicite Hamid Fakhoury, tout en espérant encore faire des résidences artistiques au Maroc, à Casablanca et à Marrakech. «Je me revendique marocain, simplement. Au Maroc, les artistes sont libres de s’identifier ou non à un courant artistique ou à un autre et je trouve cela magnifique», nous a-t-il déclaré.

L’artiste bénéficie de son réseau de collectionneurs en France pour vendre des œuvres d’art plus souvent. En 2022, il vend ainsi vingt sculptures d’un coup, dans le cadre d’une acquisition muséale. Dans ses œuvres, Hamid Fakhoury se sert surtout de la terre crue, parfois vernissée, peintes ou coulées en bronze, modelées principalement avec les doigts, à la limite du brutalisme.

Dans le cadre de la Semaine de la francophonie, qui a eu lieu en mars 2023 à Paris, Hamid Fakhoury a exposé l’une de ses sculptures lors de la 11e édition de DDESSINPARIS, du 24 au 26 mars. Initiée par Eve de Medeiros, cette exposition a mis en avant cinq artistes africains, dont le sculpteur franco-marocain. Du 21 au 23 octobre prochain, il participe à l’AKAA à Paris, foire d’art contemporain et de design centrée sur l’Afrique.

Article modifié le 10/04/2023 à 03h10

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