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Grand Angle

Diaspo #281 : Safaa Tari Qechich, traductrice et tenniswoman devenue entrepreneuse

Safaa Tari Qechich a changé de carrière à plusieurs reprises. De tenniswoman talentueuse à architecte ou encore traductrice, elle est désormais à la tête d’une chaîne de boulangerie en France. Elle cherche à développer l’enseigne au Maroc et aux Etats-Unis.

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Safaa Tari Qechich / DR.
Temps de lecture: 3'

Alors qu’elle a travaillé dur pour devenir une joueuse de tennis professionnelle, Safaa Tari Qechich a changé totalement de voie, sans l’avoir prévu. Elle est désormais dans l’entrepreneuriat, à la tête d’une chaîne de boulangerie en France. Elle travaille actuellement à développer de nouvelles succursales aux Etats-Unis et au Maroc.

Résidente à Strasbourg, en France, Safaa a obtenu un baccalauréat scientifique en 2002, à Rabat. En parallèle, elle a évolué dans le tennis, dès l’âge de six ans. Son projet initial était de partir aux Etats-Unis, après l’obtention d’une bourse lui permettant de parfaire ses capacités dans le sport professionnel. Mais avant de s’y rendre, elle fait escale à Strasbourg, lors de vacances d’été durant lesquelles s’organisent des échanges de visites entre clubs de tennis. Là-bas, la sportive en herbe fait la connaissance d’autres joueurs de tennis. La même année, elle participe à plusieurs tournois qu’elle réussit à remporter dans la ville française.

C’est ainsi que Safaa s’est peu à peu éloignée de son rêve américain, et finit par s’installer en France. En septembre 2003, elle intègre l’Ecole nationale supérieure du bâtiment de Strasbourg, où elle obtient son diplôme en architecture. Ses années d’études ne lui font pas pour autant oublier sa passion pour le tennis. Elle suit son cursus sportif au sein de la Ligue d’Alsace de tennis, afin de devenir professeure. En 2007, elle se voit proposer une opportunité d’emploi qu’elle accepte, pour devenir traductrice pour les étrangers de différents pays arabes à l’Office des migrations internationales de la mairie de Strasbourg.

Une proposition inattendue d’intégrer le domaine de la boulangerie 

Afin que son travail soit plus professionnel, Safaa décide en 2012 de faire une licence de langue arabe. La même année, une de ses amies lui demande de tenir sa boulangerie pendant quelques heures, en attendant son retour. Elle nous confie que cette petite expérience aura été un tournant dans sa vie. «L’un des opérateurs de Banette, une société avec qui la boulangerie collabore est venu et nous avons commencé à discuter, puis il m’a proposé de rejoindre le domaine en suivant une formation, d’obtenir un diplôme et d’ouvrir une boulangerie», se souvient-elle.

«Avec mon mari, nous n’avons pas pris le sujet au sérieux, au début. Mais nous avons décidé plus tard de tenter notre chance. Nous avons contacté l’entreprise en septembre 2013 pour plus d’informations et en février 2014, mon mari a commencé une formation pour devenir boulanger pendant 6 mois, tandis que j’ai choisi le domaine de la vente.»

Safaa Tari Qechich

Comme la formation a coûté 18 000 euros, le couple a essayé d’obtenir un financement. «Généralement, quand on est salariée et qu’on veut faire une formation, l’entreprise avec laquelle on travaille peut prendre en charge les frais. C’est ce qu’on attendait, alors mon mari a commencé la formation, en attendant que notre dossier soit accepté. Mais au final, il a été rejeté au motif que la formation est éloignée de notre secteur», se souvient encore Safaa.

Parallèlement à la formation, le couple se met à la recherche d’un local pour ouvrir une boulangerie. «Par hasard, nous avons trouvé une boulangerie qui était fermée depuis un an à cause d’un incendie. Une partie du matériel était encore en bon état», nous relate Safaa. La boutique a été prisée par plusieurs autres demandeurs, mais elle a finalement été octroyée à la jeune marocaine et à son mari. «En août, nous avons signé le contrat d’achat et un contrat a été passé avec Bannette, afin de nous fournir la farine pour nos produits. Dès septembre, nous avons fait l’ouverture», déclare-t-elle fièrement.

La boulangerie bénéficie rapidement d’un franc succès, surtout que la fourniture de produits halal a contribué à attirer encore plus de clients, ce qui a fait entrer le couple dans la liste des lieux proposant des spécialités marocaines.

«Mon père et mes beaux-parents ont été pour beaucoup dans notre succès. Ils nous ont aidés à nous occuper de nos enfants, tout en nous permettant de travailler pour la réussite de notre projet. Quand j’y repense, je me dis que ce que nous avons accompli en vaut la chandelle. Il n’y a pas de succès sans sacrifices.»

Safaa Tari Qechich

L’espoir d’investir au Maroc

Le succès du projet a poussé le couple à développer son activité et à ouvrir deux autres succursales. En août 2022, Safaa et son mari ont ouvert deux boulangeries dans la même ville. «Nous travaillons actuellement au développement du projet et à sa transformation en une chaîne de boulangeries sous le nom de ‘maison Tari’», nous a confié Safaa.

La réussite de ses projets ne lui pas fait oublier son rêve d’aller aux Etats-Unis. «J’y suis allée plusieurs fois, mais récemment je me suis rendue à Los Angeles afin de préparer l’ouverture d’une boulangerie, puisque j’ai obtenu les autorisations nécessaires», a-t-elle déclaré à notre rédaction. Safaa envisage également d’ouvrir une boulangerie à Meknès.

En plus de son travail, Safaa est membre de l’association Adip. En partenariat avec le ministère de la Santé et de la protection sociale, elle a récemment réussi à faire venir à Oujda des chirurgiens en cardiologie. L’organisation va également œuvrer pour faire venir en France des infirmiers marocaines, pour les former dans cette spécialité. L’entrepreneuse est également présidente d’une association de commerçants à Strasbourg. Occasionnellement, elle travaille comme coache auprès de joueurs de tennis.

Article modifié le 26/03/2023 à 13h26

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