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Ramadan dans l’Histoire #3 : Quand Tarawih en mosquée était passible de mort

Les prières de Tarawih ont eu lieu pour la première fois à l’époque du prophète. Elles se sont pratiquées en groupe, jusqu’à l’ère d’Omar ibn al-Khattab. Mais avec l’avènement des Fatimides, ce rituel a été interdit. Quiconque ayant bravé l’interdiction a été exécuté.

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La prière de Tarawih est considérée comme l’un des rituels propres au mois de ramadan. Elle est associée à la lecture de sourates du coran, chaque soir du mois béni après Al’ichaa, et à la rencontre des musulmans dans les mosquées, puisqu’il s’agit souvent d’une prière qui se fait en groupe.

Du vivant du prophète Mohammed, les musulmans ne se sont rencontrés que trois fois pour accomplir les prières de Tarawih au mois de ramadan, dans la mosquée. Ce fait a été mentionné dans Sahih al-Bukhari, d’après un hadith d’Aïcha, mère des croyants. «Le Messager de Dieu, que la prière et la paix de Dieu soient sur lui, est sorti au milieu de la nuit, a prié dans la mosquée. Des hommes ont prié avec lui. Au lever du jour, les gens en ont parlé et ils ont été plus nombreux à se réunir pour cette prière à la mosquée. Le lendemain, ils en ont discuté encore et au troisième soir, la mosquée a accueilli un nombre grandissant. Au quatrième soir, le lieu n’a pu accueillir l’ensemble des arrivants. Le lendemain, les fidèles se sont rassemblés autour de lui. Il leur a expliqué qu’il craignait qu’ils perçoivent cette prière comme obligatoire et qu’ils ne puissent s’y présenter quotidiennement.»

Ce hadith indique que le Prophète a effectué la prière de Tarawih avec ses compagnons en groupe, mais qu’il a redouté qu’elle soit imposée à l’ensemble des musulmans, alors il a continué à la faire seul. Dans son entretien avec Yabladi, le chef du Conseil des oulémas de la ville d’Oujda, Mustafa Benhamza, a déclaré : «Il y avait beaucoup de fidèles, alors le Messager avait peur que les gens pensent que l’un des devoirs de ce mois était la prière de Tarawih, donc il l’a faite séparément d’eux.» Après cela, «les gens sont revenus pour la prière de Tarawih à la mosquée et chez eux, individuellement».

Il a ajouté qu’au temps du prophète et au temps d’Omar, la prière de Tarawih se constituait de 20 prosternations. Au Maroc, «dix sont effectuées après Al’ichaa et dix avant Al Fajr».

La prière de Tarawih en congrégation

Les musulmans ont continué à accomplir des prières individuelles tout au long de la vie du prophète et jusqu’à l’ère de khilafa d’Abu Bakr Al-Siddiq. Omar Ibn Al-Khattab a, pour sa part, été le premier à rassembler les fidèles sous un seul imam, lors les prières de Tarawih. Selon Sahih Al-Bukhari, il en a eu l’idée après s’être rendu à la mosquée avec Abd Al-Rahman Ibn Abd Al-Qari, qui raconte avoir vu «des gens divisés en groupes séparés» au sein d’un même espace de prière. Omar s’est dit qu’il serait plus approprié de rassembler toutes ces personnes derrière un seul imam.

Dans son livre «l’approche de la législation d’Omar ibn al-Khattab», Muhammad al-Beltagi indique que les historiens ont mentionné «dans certains récits que le rassemblement des musulmans sous un seul imam s’esr fait à l’époque d’Omar ibn al-Khattab, en l’an 14 après l’hégire ; il a été envoyé dans toutes les régions sous son règne pour accomplir les prières de Tarawih en congrégation».

Il a été dit également qu’un imam a été désigné pour les hommes et un autre pour les femmes. Mustafa Benhamza a déclaré que cette organisation était pensée pour inclure les femmes musulmanes à ce rituel, tout en leur donnant la possibilité de rejoindre plus rapidement leurs foyers dont elles s’occupent.

Interdiction de la prière de Tarawih

Dans l’islam, le courant chiite considère que la prière de Tarawih est une création d’Omar Ibn Al-Khattab et que le Prophète ne l’a ni légiférée ni promulguée. C’est pourquoi, les Fatimides (909 – 1171) qui ont régné sur une grande partie du monde musulman (l’Ouest musulman, l’Egypte, le Levant et le Hijaz) en faisant du Caire leur capitale, ont empêché les prières de Tarawih et ont même exécuté certains de ceux qui les ont faites.

Dans «Al-Bayan Al-Maghrib fi Akhbar Al-Andalus wa Al-Maghreb» d’Ibn Adhari Al-Murrakushi, il est dit que les Fatimides se sont toujours adressés à leurs fidèles à ce sujet, au début du ramadan. «Ramadan est là et notre avis est que les Tarawih ne devraient pas être priées, parce qu’elles ne font pas partie de la Sunnah du Prophète, que la prière et la paix de Dieu soient sur lui. C’est plutôt une création d’Omar. A la place des Tarawih, nous prolongeons la dernière prière du soir en lisant les longues sourates», auraient-ils dit.

Ibn Said al-Antaki a écrit, dans son livre «L’histoire d’Al Antaki», qu’en l’an 370 AH/981 AD, le deuxième calife des Fatimides en Egypte, Al-Aziz Allah, a interdit la prière de Tarawih, ce qui a été vécu comme une douleur «pour tous les musulmans sunnites».

Son successeur, Al-Hakim, a permis de d’établir temporairement la prière de Tarawih, avant de finir par l’interdire pendant dix ans, jusqu’à décréter que les fidèles bravant cette interdiction soient passibles de la peine de mort. De son côté, Al-Maqrizi a déclaré dans son livre qu’en l’an 399 AH/1011 AD, le même dirigeant fatimide est allé jusqu’à ordonner «la peine de mort à l’encontre de Rajaa bin Abi al-Hussein, pour avoir pratiqué les prières de Tarawih pendant le mois de ramadan et bravé l’interdiction».

C’est ainsi que les dirigeants fatimides ont continué, tantôt à empêcher, tantôt à autoriser temporairement, les prières de Tarawih, jusqu’à la chute de leur dynastie en 1171.

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