Le gouvernement espagnol négocie avec le Maroc la concession du contrôle de l’espace aérien du Sahara occidental, rapportent mercredi 22 mars des médias ibériques. «Les discussions avec le Maroc sur ce dossier ont commencé» a précisé l’exécutif que préside Pedro Sanchez dans une réponse à une question écrite du sénateur de Coalition canarienne Fernando Clavijo.
«Les négociations avec le Maroc à cet égard portent sur la gestion de l'espace aérien et la coordination entre les deux parties afin de parvenir à une plus grande sécurité dans les connexions et à la coopération technique», a affirmé le gouvernement. Et d'ajouter que «ces négociations se tiennent conformément au point 7 de La Déclaration conjointe maroco-espagnole du 7 avril 2022». Le texte annonce en effet que des «discussions concernant la gestion des espaces aériens seront engagées» entre les deux pays.
Ces précisions constituent un véritable tournant. Pour rappel, le même gouvernement avait nié catégoriquement tout projet de céder au Maroc le contrôle de l’espace aérien du Sahara occidental. Une position exprimée, en décembre, par le ministère des Affaires étrangères, José Manuel Albares, en réponse à une question écrite du groupe des députés du Parti populaire.
Le Polisario condamne une «nouvelle concession au Maroc»
Pour mémoire, la presse d'extrême droite avait avancé, en octobre dernier, que le cabinet Sanchez céderait au Maroc le contrôle de l’espace aérien du Sahara, lors de la prochaine Réunion de haut-niveau. «Chaque avion qui transite par ce territoire doit se présenter au centre de contrôle du trafic aérien situé à l'aéroport de Gando (base aérienne aux Iles Canaries), où opère également l'armée de l'air espagnole, y compris les avions militaires et les chasseurs de combat qui opèrent dans cette zone marocaine», avait alors expliqué le média Ok Diario.
Le Polisario a très vite «condamné la nouvelle concession» de Pedro Sanchez au Maroc. «Tant que le processus de décolonisation, qui permet au peuple sahraoui d'exercer son droit légitime et inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance ne sera pas achevé, l'Espagne continuera d'être responsable de tout ce qui se passe dans le territoire illégalement occupé par le Maroc», a souligné le délégué général du Front en Espagne.
«Cette concession démontre le désespoir du gouvernement espagnol face à l'absence de résultats significatifs apportés par la "nouvelle étape" de ses relations avec le Maroc. L’exécutif a perdu toute possibilité d'initiative, c'est désormais le Maroc qui impose le rythme, fixe et détermine le tempo des relations entre les deux pays», a critiqué Abdellah Arabi.
Rabat avait accueilli, le 1er et 2 février, la 12e Réunion de haut niveau entre les deux pays. Aziz Akhannouch et Pedro Sanchez avaient réitéré leurs engagements à opérationnaliser tous les points figurant dans la feuille de route du 7 avril 2022, dont notamment le contrôle par le royaume de l’espace aérien du Sahara occidental et les ouvertures des douanes de Ceuta et Melilla. Les deux allant de pair.