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Grand Angle

Attentats de Casablanca : Fouad Charouali arrêté en Allemagne et extradé au Maroc ?

Fouad Charouali a été interpelé, hier, à l'aéroport de Munich, par la police allemande suite à un mandat d'arrêt international lancé contre lui par la justice marocaine dans le cadre de son implication dans les attentats de mai 2003, à Casablanca. Il n'est pourtant pas certain que le Maroc puisse un jour juger Fouad Charouali.

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Fouad Charouali a été condamné, le 11 février 2007, avec 7 co-accusés, pour l'aide apportée aux auteurs des attentats de Casablanca, le 16 mai 2003. /DR
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Le Franco-marocain, Fouad Charouali, pourrait être enfin extradé vers le Maroc. Impliqué dans attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, il a été arrêté à l’aéroport de Munich, en Allemagne, hier, mardi 30 octobre, rapporte l’AFP . Accompagné de sa famille, l’homme arrivait de Paris et comptait se rendre à Dubaï, selon la police. Il n’a pas été appréhendé à son départ de Paris car il n'y a pas de contrôle de police entre Paris et Munich, en zone Schengen.

Fouad Charouali à un étrange statut : mi-coupable, mi-présumé innocent. En France, il a été reconnu coupable d’avoir permis, selon le procureur, «l'hébergement de cadres du GICM [Groupe islamiste combattant marocain, ndlr] en France» ; le groupuscule jihadiste à l’origine des attentats de Casablanca qui avait fait 45 morts dont 12 kamikazes et une centaine de blessés, le 16 mai 2003. Condamné à 8 ans de prison, le 11 juillet 2007, il a effectué sa peine de prison, remises de peine inclues, puis a été relâché sans que l’on sache encore quand. Si la France avait eu le loisir de condamner Fouad Charouali et 7 autres prévenus dans la même affaire, en 2007, c’est que 3 Français figuraient au nombre des victimes, le jour de l’attentat. 

Petit poisson

Simultanément, toutefois, le Maroc réclame l’extradition de Fouad Charouali, pour le juger à son tour, dans la même affaire. «Ce n'est pas un très gros «poisson», mais le parquet marocain l'accuse d'avoir été membre du GICM», a indiqué une source marocaine. 9 ans après les faits, le Maroc a opéré à de très nombreuses arrestations et autant de condamnations, mais plusieurs personnes considérées comme des acteurs majeurs des attentats sont toujours à l’étranger.

Mohamed Guerbouzi, ressortissant marocain résident en grande Bretagne, été condamné en 2003 par la justice marocaine, par contumace, à 20 ans de prison, sans jamais avoir été extradé vers le Maroc. «Chaque fois que les autorités judiciaires marocaines auront des preuves de la culpabilité de personnes impliquées dans des attentats qui touchent le Maroc, elles demanderont leur extradition, avait indiqué le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah, en avril 2004, cependant, les lois des pays de l’Union européenne ne permettent pas l’extradition des citoyens de ces pays, même lorsqu’ils ont la double nationalité», rapporte bladi.net. Cette déclaration avait été faite suite aux arrestations, en France, de 6 personnes soupçonnées d’avoir entretenus des liens avec le Groupe islamique combattant marocain (GICM).

Condamné puis recondamné ?

«Des dispositions légales non conformes au sujet de la peine de mort constituent des obstacles à l’application des extraditions. Il est nécessaire d’avoir une conformité entre les lois marocaines et européennes concernant la peine de mort», avait expliqué Nabil Benabdellah. Les tortures que risquent de subir les prévenus au Maroc expliquent aussi les refus d’extradition, en particulier en cas d’actes mettant en cause la sécurité nationale, comme le soulignait, Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, dans son rapport final sur le Maroc, le 23 octobre. Par exemple, le présumé cerveau du Groupe Islamique Combattant Marocain (GICM), Abdelkader Hakimi, a été libéré en novembre 2011 en Belgique mais il a obtenu de ne pas être extradé vers le Maroc en raison de ce risque, rapporte bladi.net.

Il arrive toutefois, que le Maroc obtienne des extraditions, notamment, celle de Hassan Al Haski, condamné pour terrorisme en Espagne et extradé en septembre 2008, pour 6 mois, vers le Maroc ; il a pu comparaître devant la justice marocaine dans le cadre des attentats de Casablanca, avant d'être finalement condamné à 10 ans de prison. «Si l'Espagne accède aujourd'hui, avec beaucoup plus de facilité qu'auparavant, aux demandes d'extradition de personnes recherchées par la justice marocaine pour des crimes liés au terrorisme, c'est que le Maroc fournit une contrepartie. Les listes des présumés terroristes marocains qui évoluent sur le territoire ibérique, notamment», expliquait aux Echos, un juriste qui a voulu rester anonyme, en octobre 2008. L’Allemagne accédera-t-elle à la demande d’extradition du Maroc du «petit poisson» Fouad Charouali ?

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