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Grand Angle  

Bouskoura : La forêt et son ruisseau à nouveau menacés par la pollution

L’apparition de mousses blanches et la pollution du ruisseau passant par la forêt de Bouskoura ont mobilisé, ce mardi, une commission de la préfecture de Nouaceur et des autorités locales, suite à l'interpellation de Yabiladi. Une association locale contactée ce mardi pointe comme origine la décharge de Mediouna, pourtant fermée depuis 2021.

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La forêt de Bouskoura ce mardi matin. / Ph. Yabiladi
Temps de lecture: 3'

Seul grand espace vert aux alentours de Casablanca, la forêt de Bouskoura, située dans la zone périurbaine de la ville, est l’un des principaux poumons de la capitale blanche. Hormis les déchets laissés par les visiteurs, elle fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités et décideurs de la ville.

Toutefois, ces dernières années, la forêt et ses alentours sont menacés par la pollution. Des images et une vidéo prises ce dimanche, par Yabiladi, montre la présence de mousses blanches de nature et d’origine inconnues près du ruisseau traversant la forêt. Même celui-ci souffre de la pollution due à des rejets à l'odeur nauséabonde.

La décharge de Mediouna pointée du doigt

Contactée par Yabiladi, Hanane Bouzil Souaidi, présidente de l’association des Mamans de Bouskoura pointe la décharge de Mediouna. «Je pense que le problème vient de la décharge, qui pose un réel problème pour la ville et la forêt», déplore-t-elle, rappelant que même si elle a été fermée, «ses odeurs nauséabondes persistent». Nous avons constaté en effet qu'en fonction du sens du vent, les mauvaises odeurs de la décharge parviennent jusqu'à la forêt et les nouveaux quartiers résidentiels de Casa Green Town. 

La forêt de Bouskoura. / Yabiladi La forêt de Bouskoura. / Yabiladi

«La maire s’est rendue sur la place pour démentir mais nous vivons cette situation chaque jour. On ne sait pas ce qui se passe», enchaîne Hanane Bouzil Souaidi, rappelant qu’il n’y a pas d’usines ou d’industrie à proximité de la forêt. «Certains parlent de l’existence d’une usine clandestine de batteries pour véhicules dans une sorte de hangar, mais nous n’avons rien vu», poursuit-elle.

Pour se soulever contre les problèmes écologiques posés par la décharge de Mediouna, fermée en 2021, les Mamans de Bouskoura avaient formé un collectif avec 16 autres associations établies dans les communes limitrophes. Aujourd’hui, la présidente de l’ONG appelle à une «intervention» du ministère de l’Intérieur sur ce dossier.

«La mairie se défend en évoquant la fermeture de la décharge. Mais sur le terrain, chaque matin, en sortant, nous avons l’impression d’ouvrir et de mettre nos têtes dans une berne à ordure. On ne peut pas respirer. De plus, le lixiviat persiste et ne peut s’évaporer rapidement.»

Hanane Bouzil Souaidi

La forêt de Bouskoura. / DRLa forêt de Bouskoura. / DR

Une commission dépêchée sur place

Notre interlocutrice évoque, dans ce sens, «une réunion des voisins au niveau de la Ville Verte pour voir comment réagir». «On compte également déposer plainte», annonce-t-elle.

Pour sa part, le professeur Youssef Naimi, Chef du département de Chimie à la Faculté des sciences Ben M'sick Casablanca et membre de l’association Maroc Science Développement Durable (MS2D), pointe plusieurs types de pollution. «Il y a beaucoup de points de pollutions depuis la source et sur toute la ligne de la rivière et jusqu'à son raccordement au point de Azbane», décrit-il. «Les origines de la pollution sont diverses (eaux usées des usines, eaux usées (grises) des ménages, déchets solides agricoles, déchets solides ménagers, gravats, ...). Donc, on peut trouver toutes les sortes de pollution», nous confie-t-il.

Des sources informées de la Préfecture de Nouaceur, contactées par Yabiladi, assurent que ce problème est pris au sérieux mais blanchissent la décharge. «La décharge de Bouskoura est du côté Est. Elle n’a aucun rapport avec le problème actuel», nous assure-t-on.

Quant à la pollution du ruisseau, notre source rappelle que ce dernier «prend sa source de l’Oued Mirikan», mais souligne qu’il «existe une STEP (station d’épuration des eaux usées, ndlr) en amont». «Les eaux rejetées sont généralement épurée», assure-t-elle.

«Nous avons dépêché aujourd’hui une commission sur place, composée de la Gendarmerie, des services de l’environnement et l’autorité locale pour enquêter sur place. Son travail s’étalera sur deux jours», poursuit notre source, qui promet que les autorités communiqueront dans les jours qui viennent sur les résultats de cette enquête.

Yabiladi a tenté de joindre la maire de Casablanca, Nabila Rmili ainsi que le président de la commune de Bouskoura, Taha Bouchaïb, en vain.

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