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Grand Angle

Belgique : Le week end de l'Aïd el Kebir chez Daba Maroc

L'Aïd el Kebir peut être un moment joyeux même dans un pays non musulman. En Belgique, la saison culturelle marocaine Daba Maroc offre de nombreuses opportunités de s'émerveiller sur les oeuvres d'artistes marocains.

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Faouzi Laatiris devant l'une des ses oeuvres géantes
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Bien sûr, vivre dans un pays musulmans, le jour de l’Aïd el kebir c’est profiter d’une ambiance particulière et festive, mais en Belgique les Marocains peuvent aussi, en sortant, demain et ce week end, retrouver un peu de l’essence du royaume à travers des expositions, films, récital, musique ... La saison culturelle marocaine, Daba Maroc, débutée le 6 octobre se poursuit jusqu’au 16 octobre. Les trois prochains jours, Bruxelles et le Hainaut accueillent la fine fleur des artistes et penseurs marocains contemporains. Ils y sont tous, il ne reste qu’à choisir

Aïd poétique

Vendredi soir, jour de l’Aïd se finira, pour ceux qui le souhaitent, par la lecture de poèmes d'Abdellatif Laâbi accompagné des chants de Naziha Meftah sur une musique Driss El Maloumi. Ensemble, ils offre un spectacle poétique et musical intitulé L'œil du cœur. Parole nue du poète, textes portés par le chant, performances musicales se prêtent attention, dialoguent, s'aimantent jusqu'à s'unir. Le récital aura lieu vendredi soir, à 20h30, aux Halles de Bruxelles, lieu central de cette nouvelle édition de Daba Maroc.

Dans la même soirée, un peu plus tôt, à 19h, elles verront également la projection du documentaire d’Ali Essafi, Ouarzazae Movie qui raconte cette petite ville où la population toute entière fait de la figuration pour de grandes productions cinématographiques qu’elle ne verra sans doute jamais. Avec humour et dérision, Ali Essafi montre le décalage entre la puissance d’un cinéma commercial qui impose ses images et ses manières de voir, et la situation de survie économique d’une main d’œuvre locale bon marché.

Dans le même esprit de cinéma social, «L’amante du Rif» de Narjiss Nejjar, grand succès du cinéma contemporain marocain, sera diffusé à 20h30, au cinéma Le Parc, dans le Hainaut. Le film dispose l’histoire de Aya, 20 ans, belle et amoureuse de l’amour, dans les montagnes du Rif. Elle traîne son insouciance au milieu des volutes de kif alors que ses deux frères travaillent pour un gros trafiquant de haschich surnommé «le Baron». Quand Aya le croise, sa vie entame une descente en enfer.

Week end contemporain

Pour prolonger cette soirée, plusieurs d’installations par des artistes marocains sont proposées dans plusieurs lieux d’exposition bruxellois, ce week end. Dans un esprit très pop, Hassan Hajjaj expose, aux Halles «Le salon», une association acidulée de ses passions pour la mode, de la photographie et de la décoration. L'orientalisme, le street art et l'iconographie consuméristes s’associent pour le plaisir des yeux. Non loin, Djamel Oulkadi, graffeur bruxellois, propose une version hip hop des motifs décoratifs géométriques arabes. Symétrie, rosaces, enchevêtrement provoquent le vertige visuel du public.

Dans un esprit encore plus provocateur, un art contemporain qui se joue plus fort des concepts et des perceptions, Bozart, le Palais des Beaux Arts, expose les installations de deux artistes. Figure tutélaire de la scène artistique contemporaine marocaine, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, Faouzi Laatiris, propose Daba l'Maghrib, une série d’installations qui multiplient les références à l’actualité, aux anomalies du monde, aux objets et à leur usage. A ces côtés, le travail de Hassan Darsi développe l’action artistique dans son contexte socio-politique à Casablanca. Le processus importe ici. L'engagement civique et le positionnement critique sont caractéristiques du travail de l'artiste.

La Maison d’art actuel des Chartreux (Maac), à Bruxelles toujours, propose «Walking to Lahloutopia» exposition et installation de l’œuvre Mehdi Georges Lahlou. Marocain par son père, Espagnol par sa mère, Bruxellois par son travail, en particulier la sculpture, il fait se rencontrer culture arabo-musulmane et judéo-chrétienne. Il aime transgresser et associer les codes religieux et esthétiques de sa double identité pour déjouer les stéréotypes appliqués au corps, à la sexualité et à l'appartenance.

«Intranquilité» s’éloigne de la Bruxelles. L’exposition, rendue au B.P.S. 22 (bâtiment provincial Solvay) dans le Hainaut, expose le travail de trois artistes moins connus : Charif Benhelima, Mohamed El Baz et Mounir Fatmi. Ensemble, ils proposent une installation originale est provocatrice. Il s’agit d’un appel à rester en alerte, à garder les sens et l’intelligence en éveil, à faire preuve de curiosité.

Plus classique, mais non moins intéressant, Les Halles présentent une sélection de photographies du Maroc des années 80, 90 du cinéaste et photographe marocain Daoud Aoulad Syad. De grands tirages en noir et blanc croisent les images de son nouveau projet autour de sa ville, Marrakech, son architecture et son patrimoine humain en pleine mutation.

Samedi réflexif

En dehors des installations artistiques contemporaines, les esprits studieux et plus rationnels pourront trouver leur bonheur, samedi, dans une série de conférences donnée aux Halles de Schaerbeek. A 10h, Abdellatif Laabi; Aziz Binebine; Abdelkader Chaoui; Fatna El Boueh, débattront autour des «Ecrits de Prison – Les Halles de Schaerbeek», puis à 14h, Mohamed Berrada, Mohamed Bakrim, Youssef Wahboun, Omar Berrada, évoqueront, sous la modération de Driss Ksikes, la production artistique sous les années de plomb.

En parallèle, en collaboration avec les Halles, l'INSAS organise, samedi, une journée d'étude en présence du réalisateur Ali Essafi. (Anne-Sophie Noël [email protected]) Puis en fin d’après midi, à partir de 19h, les Halles de Bruxelles diffuseront deux documentaires. «Ma maison perdue», de Kamal Mahouti, raconte l’histoire, à posteriori des habitants de la cité de Saussaie à Saint-Denis, détruite à l’hiver 2001. Puis, «Quand les hommes pleurent», de Yasmine Kassari, évoque l’histoire de l’émigration marocaine qui passe par le détroit de Gibraltar.

A 20h30, samedi, la chanteuse marocaine Fatoum, se produira, en marge de la saison Daba Maroc, à l’espace Magh, à Bruxelles. Entre exil et féminité, Bruxelles et la Méditerranée, Fatoum, auteure, compositrice et interprète, chante en berbère et en français, accompagné de ses trois musicien. Elle présentera son nouvel album à l’occasion de ce concert. Dimanche, le film «l’amante du Rif » clôturera ce week end marocain de l’Aïd comme il l’avait ouvert. Il sera diffusé dans la grande salle de la Maison des cultures et de la cohésion sociale de Molenbeek.

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