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Grand Angle

Rapport HRW : Quand les médias se focalisent sur le Maroc et oublient l'Algérie

Plusieurs titres de la presse algérienne ont réservé des articles aux «violations des droits humains» au Maroc et au Sahara, évoquées dans le dernier rapport de Humain Rights Watch (HRW), alors qu’aucun n’a abordé celles enregistrées en Algérie, pourtant épinglée par l’ONG internationale.

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Le 26 mars 2021, en plein confinement, les Algériens bravaient l’interdiction de manifester pour se faire entendre. / Ph. Ryad Kramdi - AFP
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Les médias algériens ont consacré, dimanche et lundi, plusieurs articles au rapport de HRW sur la situation des droits de l’Homme dans le monde. Tout en ignorant la partie réservée à l’Algérie, plusieurs titres tout comme l’agence officielle de presse ont mis en exergue la situation des droits humains au Maroc et au Sahara.

Ainsi, le quotidien Echorouk, proche du pouvoir algérien, a publié lundi un article intitulé «Un rapport international documente les violations des droits humains par le Makhzen». Le journal a fait un focus sur la situation des droits humains au Sahara, notant que «Human Rights Watch a documenté les violations continues des droits humains» par le Maroc dans la province et «dans tout le Royaume».

Un «inventaire détaillé» des violations commises par le Maroc

Il a ajouté que la «principale violation» reste d’«empêcher des manifestations pacifiques réclamant le droit à l'autodétermination et l'emprisonnement de Sahraouis après leur condamnation à l'issue de procès inéquitables». «Dans des rapports précédents, l'organisation internationale a dénoncé les violations continues des droits de l'Homme par le Maroc au Sahara occidental, soulignant que les autorités d'occupation utilisent "la répression pour punir les Sahraouis qui exigent l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination au Sahara Occidental"», commente le journal.

Le même traitement a été réservé par le journal El Massa pour qui «Human Rights Watch a exposé les violations marocaines au Sahara occidental». L’ONG «a dressé un inventaire détaillé des violations continues des droits de l'Homme par le Maroc au Sahara occidental, au premier rang desquelles figure son interdiction de toute manifestation pacifique réclamant le droit à l'autodétermination et l'emprisonnement de citoyens sahraouis après des procès fictifs», poursuit-il.

De son côté, le quotidien généraliste algérien Ech-Chaab a choisi de réunir deux angles différents pour parler à la fois du rapport et des informations selon lesquelles «le Parlement européen débattrait et voterait jeudi prochain une résolution sur la situation des droits de l'Homme au Maroc». La même source affirme que «Human Rights Watch a documenté les violations du Makhzen» dans son récent rapport.

Dans une dépêche publiée dimanche soir, l’agence Algérie presse service (APS) a, elle aussi, traité le volet réservé au Maroc dans le rapport de HWR. L'ONG y a «rapporté les différents dépassements et violations des droits de l'Homme commis par le Maroc au Sahara occidental occupé et à l'encontre des réfugiés et demandeurs d'asile», a-t-elle indiqué. L’agence a, dans ce sens, mis en exergue les parties réservées à la question du Sahara et la situation des migrants et des demandeurs d’asile dans le royaume.

L’Algérie également épinglée par HRW

Le rapport mondial 2023 de HWR est un bilan annuel établi par l’ONG sur les droits humains dans le monde et ne concerne pas que le Maroc. Les médias algériens ayant abordé les grandes lignes du volet réservé au Maroc et au Sahara ont, cependant, complètement passé sous silence celui réservé à l’Algérie.

En effet, dans son rapport, l’ONG internationale a épinglé les autorités algériennes, leur reprochant d’avoir «poursuivi leur répression de toute dissidence, en dépit d’une accalmie dans les manifestations anti-gouvernementales, en imposant des restrictions à l’exercice des libertés d’expression, d’association, de réunion et de déplacement». «Des activistes, des défenseurs des droits humains, des journalistes et des avocats ont été poursuivis en justice pour leur activisme pacifique, leurs opinions, ou à cause de leur profession. En octobre, environ 250 personnes étaient incarcérées pour leur participation à des manifestations pacifiques, pour leur activisme ou pour avoir exprimé des opinions, dont un tiers étaient en détention provisoire en l’attente d’un procès, selon les organisations nationales de défense des droits», dénonce HWR.

Celle-ci a déploré que «les autorités ont eu recours de plus en plus souvent à des chefs d’accusation relatifs au terrorisme, après avoir accru la portée d’une définition déjà large et vague de ce crime en juin 2021, pour poursuivre des défenseurs des droits humains, des activistes et d’autres personnes critiquant le gouvernement» et «ont également pris des mesures juridiques pour dissoudre des organisations de la société civile et des partis politiques d’opposition, ou pour restreindre leurs activités».

La campagne menée contre le Maroc par les médias de l’Algérie s’inscrit dans le sillage d’une mobilisation plus large. Si le pouvoir en place a mandaté, la semaine dernière, Zwelivelile Mandla Mandela pour évoquer le dossier du Sahara lors de l’ouverture du Championnat d'Afrique des nations de football des joueurs locaux (CHAN), les supporters algériens ont tenu, durant la cérémonie, des slogans racistes à l’encontre du Maroc et des Marocains.

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