Juan Mendez a présenté, hier, devant l’Assemblée générale de l’ONU son rapport final sur la torture au Maroc. Comme lors de sa conférence de presse, du 22 septembre à Rabat, le Rapporteur Spécial de l’ONU sur la Torture a répété qu’il y a «beaucoup de preuves attestant de l’usage excessif de la force».
Et d’ajouter que «chaque fois qu'il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires. Il est difficile de dire si c'est très répandu ou si c'est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l'ignorer».
C’est la réponse de l’Argentin aux déclarations du ministre de la Justice, Mustapha Ramid, et à celles du président du CNDH, Driss Yazami. Les deux officiels ont minimisé le recours à la torture dans les locaux de la police, préférant parler de «cas isolés» et non de pratique courante.
Au Sahara, le mauvais traitement est le même
Selon Mendez, il n’y a pas de différence entre les provinces du sud et le reste du Maroc. «Nous avons trouvé des preuves attestant du même mauvais traitement lors des interrogatoires (…) l’usage excessif de la force lors de manifestations est le même au Sahara occidental qu’au Maroc».
Par ailleurs, Juan Mendez ne s’est pas prononcé ouvertement pour un élargissement des prérogatives du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme. Toutefois, il a laissé entendre son adhésion à une telle option, estimant que pour le moment il «ne dispose pas d’une opinion arrêtée» sur cette question «mais que la surveillance permanente est toujours plus utile qu’une visite du rapporteur spécial».
Juan Mendez a laissé quelques issues de secours au Maroc. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture s’est pleinement assuré qu’«une culture des droits de l’Homme se développe au Maroc». Toutefois, il n’en a pas précisé l'origine : est-ce le gouvernement ou la société civile ?
Quelle incidence sur les chances du Maroc de siéger au CDH?
Du 15 au 21 septembre, Juan Mendez était au Maroc, «sur une invitation des autorités». Un déplacement au cours duquel, il a rencontré les ONG des droits de l’Homme, les officiels, inspecté deux prisons et deux centre hospitaliers pour maladies psychiatriques et visité le Sahara.
La teneur du rapport final de Juan Mendez, présenté hier à l’Assemblée générale de l’ONU, nuira-t-elle aux chances du Maroc de briguer un siège au Conseil des droits de l’Homme ? Un organisme qui compte 47 membres élus au scrutin secret à la majorité des 192 membres de l’AG des Nations-Unies. «Les États élus au Conseil sont tenus d’observer les normes les plus strictes en matière de promotion et de protection des droits de l’homme et de coopérer pleinement avec le Conseil. Ils sont soumis à une procédure d’examen périodique universel au cours de leur mandat, ce qui permet de s’assurer qu’ils respectent eux-mêmes les normes qu’ils sont chargés de faire appliquer», lit-on dans la présentation du CDH. Il faut savoir balayer devant sa porte avant vouloir balayer devant celles des autres.