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Grand Angle

Maroc : La crise du coût de la vie, menace la plus importante des deux prochaines années

Un rapport sur les risques mondiaux pour 2023, publié par le Forum économique mondial (WEF), fait état de la crise du coût de la vie comme l’un des défis majeurs pour beaucoup de pays, au cours des deux prochaines années, y compris au Maroc. Cette situation est exacerbée par un contexte mondial marqué par la vie chère, surtout après la guerre en Ukraine.

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Photo d'illustration / DR.
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Dans son édition de 2023, le Global Risk Report du Fond économique mondial (WEB) a rendu publics les résultats d’une enquête réalisée auprès 1 200 experts et décideurs. Les résultats indiquent que la crise du coût de la vie causée par l’inflation, elle-même exacerbée par la guerre en Ukraine, dans un contexte de reprise économique post-crise sanitaire de Covid-19, constitue le principal facteur de risque auquel les Etats se confronteront dans les deux prochaines années. Dans ce sens, le Maroc ne sera pas en reste.

Le rapport, élaboré en coopération avec Marsh McLennan Company, institution spécialisée dans le conseil en gestion des risques, ainsi que Zurich Insurance Company, a classé les risques auxquels le Maroc est confronté. Sur une échelle de un à cinq, «la crise du coût de la vie» arrive en premier lieu. Elle est suivie de «l’inflation rapide et/ou continue» en second lieu, puis des «risques découlant de chocs violents sur les prix des matières premières» en troisième lieu.

Des défis communs aux pays de la région MENA et en développement

Les risques résultant de «crises sévères de l’offre de matières premières» arrivent en quatrième position, au niveau du Maroc, suivis des risques de «crises de la dette» en cinquième lieu. Dans le pays, les risques majeurs relèvent principalement de la catégorie sociétale, suivie de celle économique, puis environnementale.

Sur le plan régional, l’Algérie se confronte en premier lieu à l’inflation rapide et/ou soutenue, suivie de la crise du coût de la vie, de l’inégalité numérique, des contestations géopolitiques des ressources, puis des conflits interétatiques. Pour sa part, la Tunisie connaît d’abord un défi de la crise de la dette, suivi de l’effondrement de l’Etat, des graves crises d’approvisionnement en matières premières, de la crise du coût de la vie ainsi que de l’inflation rapide et/ou soutenue.

Dans la région arabe, les données en Libye et en Mauritanie ne permettent pas de dresser des prévisions, mais celles du Moyen-Orient indiquent le caractère récurrent de ces risques dans plusieurs pays. En Egypte notamment, les habitants se confronteront principalement à la crise de la dette, à l’inflation rapide et/ou soutenue, à la crise du coût de la vie, à la stagnation économique prolongée, ainsi qu’aux chocs graves sur les prix des matières premières.

Par ailleurs, le rapport note quelques points positifs, notamment au niveau de l’investissement par rapport aux réserves de métaux et minéraux critiques. Ainsi, il souligne qu’un certain nombre de marchés en développement et émergents «sont devenus des bénéficiaires nets» de l’intérêt accru des secteurs public et privé, notamment l’Indonésie, le Maroc, la Bolivie, l’Argentine et le Chili. «Cependant, ces pays ont dû marcher sur la corde raide alors que les puissances mondiales exercent un contrôle par le biais du commerce, des investissements et des liens technologiques et cherchent à restreindre l’accès des Etats concurrents», souligne le rapport.

Des crises mondiales exacerbées par les tensions géopolitiques

Parallèlement à une nationalisation accrue, cette tendance «a conduit à la création relativement récente de l’OMEC, une organisation de pays exportateurs de minerais, similaire à l’OPEP». Alors que le boom des ressources a «ouvert la voie à la croissance pour certains de ces pays, pour d’autres, l’accent mis sur ces actifs a créé un phénomène conduisant à une augmentation de la corruption, des inégalités, de la violence et des crises humanitaires», ajoute la même source. A l’échelle mondiale, le Forum a mis en garde contre les différends géopolitiques susceptibles d’entraîner une augmentation des pressions économiques et d’exacerber ces risques dans d’autres pays.

Dans une dimension mondiale, le rapport met en garde sur le coût de la vie, qui constitue le premier risque au cours des deux prochaines années. Ce facteur provoque «de fortes tensions dans plusieurs régions du monde, tout en plongeant des millions de personnes dans la pauvreté extrême et en alimentant les tensions sociétales», a alerté le Fond économique mondial. Aussi, la dimension de ce risque «dépasse celle des catastrophes naturelles et des événements météorologiques violents, voire des conflits», souligne la même source.

Le rapport du Fond économique mondial recommande de mettre en place de «mesures de coopération mondiale urgentes», dans le but de créer des pistes d’action «rapides» et à circuit réduit. Ces initiatives revêtent un caractère encore plus urgent, surtout que les effets de la pandémie mondiale se ressentent encore. Ceux de la guerre entre la Russie et l’Ukraine s’y ajoutent, détendant sur les secteurs économiques clés, selon le WEF.

En effet, la guerre en Europe et la pandémie «ont conduit à des crises énergétiques, inflationnistes, alimentaires et sécuritaires en premier lieu». Dans ce contexte, «la polarisation des sociétés par la mésinformation et la désinformation» deviennent tout autant un risque majeur, préviennent les rédacteurs du rapport, qui redoutent ainsi une accélération des «guerres géo-économiques».

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