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Grand Angle

A quelques semaines de son congrès, le Polisario tolère la création d’une entité d’opposition

En attendant que le secrétariat général du Polisario daigne communiquer sur sa réunion, du jeudi 29 décembre, une nouvelle entité, qui se proclame d’«opposition», a vu le jour dans les camps de Tindouf.

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Les camps de Tindouf, dans le sud-ouest algérien. / DR
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La nouvelle année commence dans les camps de Tindouf par l’annonce, le 1er janvier, de la création d’une coalition d’instances dites «réformistes», réunies sous la bannière des «Militants du Front». D’emblée, ses promoteurs précisent, dans un communiqué, leur attachement au cadre du Polisario, en tant qu’«unique et légitime représentant du peuple sahraoui et leader de son combat dans sa marche libératrice jusqu’à parvenir à exercer son droit à l’autodétermination».

Un acte d’allégeance destiné à épargner aux membres de l’entité d’être taxés de «traitres à la solde du Maroc» et d’en payer les conséquences. «Les Militants du Front» connaissent également la présence de ce qui reste de l’«Initiative sahraouie pour le changement», lancée officiellement depuis les camps de Tindouf, en novembre 2017. Pour rappel, après les défections de ses fondateurs, dont notamment El Hadj Ahmed Barakallah, désigné en avril 2020 à la tête du Mouvement Sahraoui pour la paix, l’ISC avait suspendu ses «activités» au lendemain de l’annonce du retrait du Polisario du cessez-le-feu du 13 novembre 2020, pour «renforcer l'unité nationale».

Occuper le siège vacant de l’opposition

Comme pour l’ISC, «Les Militants du Front» dressent eux aussi un réquisitoire contre les «revers» et «les graves reculs des valeurs et principes» ayant présidé à la création du Polisario. La coalition pointe aussi la «dominance d’une structure politique et administrative, longtemps aux commandes du projet national», «les dépassements et les sévères irrégularités» commis par les représentants de la direction du mouvement séparatiste, et «leur incapacité, après 50 ans au pouvoir, de réaliser les objectifs» des Sahraouis.

Si «Les Militants du Front» ont appelé à se débarrasser des responsables inamovibles et séniles et à les juger, ils n’ont pas apporté leur appui à l’un des candidats à diriger le Polisario dont le nom sera connu lors du 16e congrès, prévu du 13 au 17 janvier.

Force est de constater que ce n’est pas la première fois que les camps de Tindouf connaissent la proclamation d’entités dites d’opposition, tolérées par la direction du Polisario et l’Algérie, tant qu’elles ne remettent pas en question les lignes rouges établis par les deux alliés. La nouvelle enseigne, annoncée hier, ne s’inscrit pas en rupture avec ce modèle, en vigueur depuis 50 ans. En mai dernier, le «Groupe de redressement révolutionnaire» avait vu le jour. Ses promoteurs se veulent une alternative à Brahim Ghali.

L’annonce de la création des «Militants du Front» intervient alors que le secrétariat général n’est pas encore parvenu à se mettre d’accord sur le nom appelé à diriger le Polisario pour les quatre années à venir. Les prétendants sont Abdelkader Taleb Omar, représentant du Front en Algérie, Bachir Mustapha Sayed, «ministre conseiller à la présidence», Brahim Ghali, et Mohamed Ibrahim Biadillah, ancien coordinateur des milices armées.

Article modifié le 02/01/2023 à 11h49

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