En effet, ce n’est pas en 2008, mais en 2009 que Al Omrane fera son entrée à la bourse de Casablanca. Une information financière erronée, certes, mais qui en dit long sur la philosophie et l’appétit du constructeur public de logements en faveur des populations vulnérables.
L’Etat a-t-il vocation à rentabiliser son action publique ? Le ministère public doit-il être un instrument aux mains d’hommes d’affaires. La puissance publique peut-elle se transformer en holding super puissante au service d’actionnaires ?
Pis, les constructions pilotées par Al Omrane (comme par certains autres acteurs du secteur) censées favoriser le transfert de populations vivant vers des bidonvilles dans des logements plus décents, sont loin de répondre au standard de l’habitat. A savoir, isolations assurées, niveaux d’équipements en adéquation avec les besoins des habitants, infrastructures prévues pour assurer la mobilité.
Certes, c’est toujours mieux que de vivre dans des baraquements en tôle ou en terre cuite, mais le recasement par étage de misère sociale au sein d’environnements de vie dénués d’espaces verts ou d’activités culturelles laissent à penser que l’opération de relogement des populations très vulnérables connaîtra moins de succès que l’introduction en bourse de Al Omrane.
Après la Compagnie Générale Immobilière (CGI), établissement étatique et filiale de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), qui a effectuée une entrée en bourse fracassante en août 2007, c’est au tour d’un autre bras armé financier de l’Etat de tomber dans l’escarcelle des boursicoteurs au vu et à l’insu des populations défavorisées.
Une partie des dividendes de l’opération boursière de Al Omrane servira-t-elle à améliorer les conditions de vie des plus démunis grâce à la levée de fonds ? Rien n’est moins sûr. Malheureusement.