Presque six mois après le drame de Nador-Melilla, du 24 juin, Amnesty international accuse les forces de sécurité du Maroc et de l'Espagne de «commettre des crimes contre le droit international». Dans un rapport, présenté lors d’un point de presse ce mardi 13 décembre à Madrid, l’ONG a fait état de «non-assistance médicale aux blessés, d'homicides, de torture et d'expulsions collectives» de migrants par les deux parties. Le directeur d’Amnesty Espagne estime que le gouvernement de Pedro Sanchez «a tenté de dissimuler les faits», de «coopérer à contrecœur» avec le parquet et de «mentir».
Amnesty affirme que les forces de sécurité marocaines et espagnoles, déployées le 24 juin, «ont fait usage à plusieurs reprises de matraques, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes, en plus de frapper et de donner des coups de pied à des personnes déjà immobilisées dans un espace clôturé alors qu’elle n’avaient aucune issue pour s'y échapper».
Le ministère espagnol de l’Intérieur a choisi de réagir sous couvert d’anonymat au rapport d’Amnesty. «Nous regrettons que de telles accusations soient portées contre nos forces et corps de sécurité de l'Etat sans preuves, en s'appuyant uniquement sur des témoignages d'une partie», indiquent des sources au département que dirige Fernando Grande-Marlaska. «En aucun cas, nous ne pouvons permettre que la Garde civile soit accusée d'actes aussi graves par des allégations de torture sans fondement» ajoutent-elles. Pour rappel, une trentaine de migrants ont péri dans la tragédie Nador-Melilla.
De son côté, le procureur général de l’Espagne, Álvaro García Ortiz, a annoncé dans des déclarations à la presse, depuis Barcelone, que le Ministère public allait «bientôt» rendre les conclusions de ses investigations sur le drame du 24 juin. Les autorités marocaines n'ont pas encore réagi aux accusations d'Amnesty.