Charlie Hebdo peut caricaturer, Mounir Fatmi n’a pas le droit d’exposer. La vidéo «Sleep» montrant Salman Rushdie dans son sommeil, participation de Mounir Fatmi à l’exposition «Vingt Cinq ans de créativité arabe», organisée, du 16 octobre au 3 février, par l’Institut du Monde arabe, a été retirée, censurée, rapporte le Figaro. La semaine dernière, «Technologia», une autre de ses installations vidéo avait été retirée du festival de Toulouse «le Printemps de Septembre».
Le jeune artiste tangérois travaille particulièrement sur les objets sacrés. Un thème de recherche qui fait régulièrement polémique. En 2006, il avait déjà été censuré à Dubaï pour son œuvre «Les printemps perdus» où des balais remplaçaient des drapeaux. Il y a pourtant une différence selon Mounir Fatmi, entre être censuré à Dubaï et en France. «Je ne suis pas choqué quand cela arrive dans un pays qui apprend à peine la démocratie», explique-t-il. «Ce qui me gêne énormément, c'est que cela se passe en France, et non au Maghreb ou en Arabie Saoudite», conclut-il.
Vidéo hommage à Salman Rushdie
C’est précisément en opposition à cette frilosité que Mounir Fatmi a conçu la vidéo Sleep, censurée quelques jours avant l’ouverture de l’exposition. «Compte tenu des menaces qui pèsent sur sa vie depuis tant d'années, plonger dans le sommeil reste une manière pour lui de se mettre en état de vulnérabilité, explique l'artiste. Ce sont des images de synthèse à partir de photos. J'ai été scandalisé par le silence des intellectuels arabes sur le sort de Rushdie et son combat pour la liberté de créer. Alors j'ai imaginé ce film comme un hommage», explique le Tangerois.
Séance de rattrapage pour les œuvres du Marocain : l’exposition de Toulouse qui a supprimé, à regret, la semaine dernière «Technologia» parce qu’elle avait suscité des réactions violentes de certains musulmans offensés, a disposé, à sa place, la vidéo Sleep. Les Parisiens devront donc aller à Toulouse pour passer outre la décision de l’Institut du monde arabe et voir dormir Salman Rushdie.