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Grand Angle

Pegasus : La responsabilité du Maroc dans l’espionnage de ministres espagnols n’est pas confirmée par le Parlement européen

Le Parlement européen n’est pas en mesure d'apporter des preuves sur la responsabilité du Maroc dans l’espionnage des téléphones du chef du gouvernement et de ministres espagnols. C'est la conclusion d'une commission d'enquête parlementaire.

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Le 10 mars, le Parlement européen votait la création d’une «commission d’enquête sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus et de logiciels de surveillance équivalents». Sept mois après sa mise en place, l’instance parlementaire a présenté un rapport préliminaire, ce mardi 8 novembre.

Sur les opérations d’espionnage visant les téléphones du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et les ministres de la Défense, de l’Intérieur et de l’Agriculture, les rédacteurs du document pensent que le Maroc est derrière le piratage des mobiles mais affirment qu’ils ne sont pas en mesure de le prouver, rapportent des médias ibériques.

La commission parlementaire a révélé que l’espionnage a visé les téléphones officiels du chef de l’exécutif et de la ministre de la Défense, Margarita Robles et le téléphone personnel du ministre de l’Intérieur, Fernando-Grande-Marlaska. En revanche, l’action visant l'appareil du titulaire du maroquin de l’Agriculture et la Pêche, Luis Planas, un ancien ambassadeur de l’Espagne à Rabat, n’a pas fonctionné.

Le précédent de la justice espagnole

Les conclusions de ce rapport qui concernent le Maroc ne sont pas sans rappeler la décision, en mai dernier, de la justice espagnole de classer l’enquête, ouverte suite à la plainte présentée par le journaliste Ignacio Cembrero pour l'espionnage de son téléphone par le logiciel Pegasus. Il n'y avait pas «de raisons suffisantes pour accuser une ou plusieurs personnes en tant qu'auteurs, complices ou dissimulateurs».

Pour mémoire, dans le sillage des résultats de l’enquête menée par Amnesty International et Forbidden Stories, le journaliste espagnol avait saisi, fin juillet 2021, le parquet général de Madrid pour des allégations d’espionnage à travers le logiciel Pegasus. Dans sa plainte, il avait tenu les autorités marocaines responsables de l’infiltration de son téléphone, avait indiqué alors Reporters sans frontières (RSF).

L’ancien secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias avait émis, lui aussi en mai, des doutes sur la supposée responsabilité du Maroc dans les attaques des téléphones, par le logiciel Pegasus, du chef du gouvernement, Pedro Sanchez, et de la ministre de la Défense, Margarita Robles. Il avait privilégié la piste d’une opération d’espionnage ordonnée par des sécuritaires espagnols, «qui opèrent sous la bannière d’une "Brigade patriotique", composée de commissaires à la retraite, qui violent les lois de l’Etat. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’ils agissent ainsi. Ils l’ont déjà fait avec Podemos», avait-il expliqué dans des déclarations à la presse. Et de rappeler que des médias ibériques avaient révélé que des membres de cette brigade avaient déjà acheté le logiciel Pegasus en 2014, avec le budget alloué aux Fonds réservés (public).

Le rapport de la commission a affirmé que l’Espagne est l’un des premier pays européens à avoir espionné des politiques via le logiciel israélien Pegasus. «Jusqu'à présent, le gouvernement espagnol a fourni peu d'informations sur le rôle qu'il a joué, invoquant la confidentialité en matière de sécurité nationale. Cependant, la surveillance des cibles catalanes a été effectuée par les autorités espagnoles, principalement en relation avec le référendum sur l'indépendance du 1er octobre 2017 en Catalogne et les événements qui ont suivi», dénonce le rapport préliminaire du Parlement européen.

Le rapport final de la commission d’enquête du Parlement européen, composée de 38 eurodéputés, sera présenté dans les semaines à venir. La justice espagnole poursuit ses investigations sur l'espionnage des téléphones de Sanchez, Mme. Robles et Marlaska.

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