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Grand Angle

L'héritage et la femme en Islam : Ce que dit le Coran (partie 2)

A coté des deux versets précédents qui délimitent les bases égalitaires communes de la succession, on retrouve dans le Coran, de nombreux autres versets, qui illustrent d’une façon bien  définie les parts à répartir dans le legs. 

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En effet, la répartition de l’héritage se base essentiellement sur trois critères, qui sont fondamentaux dans la compréhension de la logique coranique du partage des biens hérités.  Ces trois critères sont en effet:

-         Le degré de parenté des successeurs héritiers avec la personne défunte 

-         La position de la génération qui hérite :

-         La responsabilité matérielle qui incombe à celui qui doit prendre en charge l’ensemble de la famille.

C’est cette règle fondamentale dans la logique du Coran qu’il faudrait avoir à l’esprit pour pouvoir comprendre le pourquoi des parts supérieurs alloués à certains par rapport à d’autres.  C’est la responsabilité financière combinée au degré de parenté qui légitime un apparent «favoritisme» des uns au détriment de ceux qui seront pris en charge ou dispensés des charges financières et familiales et qui auront une part moindre.

C’est toujours de la même philosophie coranique dont il s’agit à savoir celle qui donne la priorité à la  protection des plus démunis et des plus vulnérables dans la structure familiale traditionnelle, laquelle,  faudrait-il le rappeler correspond à la notion de famille élargie et non pas à la famille nucléaire comme celle qui prévaut actuellement.

Ceci est important à rappeler au moment où l’on a l’impression, dès lors que l’on aborde la question de l’héritage en islam, qu’il n’ y a qu’une seule règle de succession en islam à savoir  celle  de la femme qui hérite la moitié de l’homme et, qui plus est, semble être au premier abord «injuste» vu et étudié à l’aune de notre modernité mais surtout loin des fondements et des repères sociaux de la  famille  traditionnelle.

D’abord, le droit successoral en islam ne se réduit pas à la seule règle de la demi part de la fille par rapport à celle du frère lors du décès de l’un des parents. C’est ainsi que l’on peut répertorier dans le Coran trente cas  où les femmes héritent d’une part égale voire plus que l’homme[1]. C’est ainsi que, par exemple,  dans le cas du décès de l’un des enfants, les deux parents - mère et père - ont la même part de l’héritage.

Le seul verset qui concerne la demi part de la fille est celui donc de la sœur qui hérite de la moitié du montant que son frère hérite : Coran 4 ;11 «En ce qui concerne vos enfants, Dieu vous prescrit d’attribuer au garçon une part égale à celle de deux filles»

Cette répartition s’explique, comme il a été cité précédemment, par la responsabilité financière qui incombe aux frères tandis que les sœurs, elles restent libres de disposer de leur argent et de leurs biens comme bon leur semble.

C’est ce que certains ont formulé comme étant, pour la sœur un montant NET, ajouté à ses biens, alors que pour le frère, il s’agira d’un montant BRUT, dont il devra déduire toutes les autres  dépenses d’entretien vis à vis des autres personnes à sa charge dont évidemment sa sœur qui a hérité de la moitié.

La répartition concernant la demi part des femmes dans la fratrie a été révélée pour répondre à des exigences imposées par l’environnement social de l’époque et se voulait garante d’une répartition traditionnelle et faut-il le rappeler solidaire des biens familiaux. Le frère, selon la vision islamique, doit assumer sa responsabilité dans la gestion financière de sa sœur mais aussi de tous les proches démunis ou faibles qui nécessitent une prise en charge matérielle continue.

Cette logique coranique de la répartition du legs doit être comprise à l’intérieurde la structure familiale qui reste fondée sur le groupe solidaire et qui actuellement dans notre ère moderne est de plus en plus remplacé par la famille conjugale isolée ou nucléaire et qui n’a plus la même structure ni les mêmes exigences que celle de la traditionnelle grande famille. 

Mais comment concevoir cela au sein des lois de la modernité qui sont devenues malheureusement l’apanage de plus d’égoïsme, de solitude et d’isolement et où l’émancipation de l’individu est devenu une norme inévitable?

Le Coran a réparti  de façon équitable l’héritage dans la structure familiale traditionnelle.  Mais comment garder l’éthique de cette vision et l’appliquer  dans ce cas précis de la fratrie, alors que les femmes ne sont plus souvent prises en charge matériellement parlant et contribuent parfois à l’entretien économique de la famille, parents et frères inclus ?

Que dire aujourd’hui des femmes qui partagent la gestion financière du foyer conjugal voire qui en assument même l’entière responsabilité quand l’époux a de faibles revenus voire n’a pas de revenus du tout ? Rappelons à ce sujet que les dernières statistiques au Maroc ont montré que 30% des foyers sont dirigés par des femmes seules !

Que dire aussi de tous ces hommes  qui se retrouvent dans l’incapacité totale à subvenir seuls aux besoins de toute une famille devant les impératifs d’une  vulnérabilité professionnelle  extrêmement difficile à vivre pour les couples d’aujourd’hui ?

Il est vrai que dans notre contexte d’aujourd’hui traversé par de profondes métamorphoses sociétales, par de nouvelles réalités économiques et par les déséquilibres sociaux que l’on connaît,  il est difficile de retrouver la conjoncture sociale idéale de l’équité dans l’héritage telle que voulue et dictée par le Coran.

L’application «littérale» du verset concernant la fratrie dans notre contexte d’aujourd’hui qui est lui devenu structurellement injuste, devient elle même source d’injustice profonde et va à l’encontre des objectifs du Coran qui, comme on l’a vu, prônent  avant tout la protection et la préservation des biens des femmes et des minorités vulnérables et la juste répartition des responsabilités au sein du noyau familial.

Le Coran a instauré avec les lois de l’héritage un nouveau règne dans lequel primait le «droit» et a de ce fait a abrogé le règne des coutumes discriminatoires. Il l’a fait, tout  en tenant  compte d’abord des repères socioculturels de l’époque mais tout en traçant en filigrane les valeurs de base de l’équité et de la justice, qui doivent toujours prévaloir et ce quelque soit le contexte socioculturel. Et c’est à cette première intention coranique qu’il faudrait revenir aujourd’hui dans notre contexte confus, complexe et particulièrement injuste.

C’est dans ce sens et en ce moment de l’histoire qu’il faudrait revenir aux versets qui définissent les bases de l’égalité générale dans l’héritage et à leur lumière, relire  ceux qui définissent la demi part des femmes et qui peuvent paraître aujourd’hui être inconvenants  par rapport au degré  d’émancipation et d’évolution qu’on atteint les  sociétés humaines actuelles. 

La solution se trouve donc dans le Coran lui même et dans ce verset fondamental qui très sereinement nous réconforte quant à son approche égalitaire de l’héritage : «Il revient aux héritiers hommes une part (nassib) dans l’héritage laissé par leurs parents ou leurs proches ; de même qu’il revient aux femmes une part (nassib) dans l’héritage laissé par leurs parents ou leurs proches ; et ce quelle que soit l’importance de la succession, cette quantité est une obligation (nassiban mafroudan)».

Ce «tabou»  qui pèse aujourd’hui sur les débats de sociétés en terre d’islam, notamment sur la question de l’héritage dans la fratrie et les polémiques récurrentes, voire le malaise social suscité  par cette question, peuvent être résolus si l’on sait revenir à l’esprit du Coran et considérer dès lors ce verset comme une prescription prioritaire dans le système successoral[2]. Cela sera une manière de faire évoluer le débat de l’intérieur de l’islam tout en restant fidèle à son fondement éthique. 

Le Coran nous fournit là encore la preuve que rien n’est définitif  ni clos à jamais mais que bien au contraire il faudrait dans chaque contexte savoir remettre en exergue les grandes finalités du message spirituel et dont notamment, celui de la justice  qui en représente l’un des éléments structurants. Et revenir à ce verset central de l’héritage c’est contribuer à  maintenir l’esprit de justice de l’islam vivant dans les cœurs mais aussi dans les réalités sociales d’aujourd’hui.


[1] Etude faite par Salah Eddine sultane sur l’héritage de la femme en islam : «mirath al maraa wa kadiat al moussaouate » éditions Ennehada, Egypte,1999.

[2] Le débat sur l’héritage en islam se fait de façon très tacite en milieu sunnite et c’est paradoxalement, en République islamique d’Iran  qu’il a eu lieu et qu’il a évolué! Le parlement iranien a voté le 21 Mai 2004 une loi accordant aux femmes les mêmes droits de succession qu’aux hommes. Il reste que même si cette loi n’a pas encore obtenu l’approbation du Conseil des gardiens de la constitution, elle a le mérite de prouver que le débat de l’intérieur de l’islam peut avoir lieu...

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Auteur : Xtr12gho99
Date : le 13 octobre 2012 à 13h11
Il a fallut attendre 1400 ans et l'arrivée de Asma Lamrabet?

Si elle trouve la règle de base injuste, elle sait ce qui lui reste à faire. Mais qu'elle n'use pas de l'aura intellectuel dont elle jouit auprès des benêts et des ignorants pour dire des choses dans lesquelles personne ne l'a précédée.

Islam = Soumission. Si on se met à réinterpréter à chaque évolution sociétale, l'Islam de demain n'aura plus rien de commun avec celui d'antan.

Et Asma Lamrabet est-elle aussi pour la liberté sexuelle le concubinage, étant donné les évolutions sociales du pays?

Voilà ceux qui croient en une partie du Livre et mécroient en l'autre.

Asma Lamrabet s'imagine t-elle que Celui qui a crée les sept cieux et la terre, le Créateur de l'univers et de ce qu'il contient, le Celui qui a crée l'Homme et est plus proche de lui que sa veine jugulaire, Celui-là n'a pas prévu les évolutions sociétales? *

Voilà le danger pour les Musulmans : ceux et celles qui utilisent la religion pour la détruite.
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