France : Fronde contre les Marocains au sein de l'association musulmane de Blois

«Non à la division des musulmans» ! C’est ce que déplorent depuis quelques semaines des musulmans de Blois, commune d’environ 50 000 habitants située en région Centre, à travers une pétition qui compte actuellement «plusieurs dizaines» de signatures, a fait savoir Lanouvellerepublique.fr. Ses auteurs y dénoncent des présumées dérives au sein de l’association Vivre Ensemble, chargée de la gestion de la mosquée Bilal, actuellement en cours de construction. Ces derniers accusent, en effet, les responsables de l’association de «communautarisme et discrimination».

En clair, ils leur reprochent de donner le pouvoir de décision aux membres d’origine marocaine et d'écarter les autres nationalités représentatives de la communauté musulmane locale du tour de table. «Selon les statuts, les élections devaient se tenir en 2011, mais il n'en est rien jusqu'à présent. L’actuel président et son équipe sont donc illégitimes», estiment les auteurs de la pétition dans un communiqué, récemment rendu public.  Et d’ajouter : «le bureau décide de tout sans consulter l'ensemble des adhérents. Il considère l'association comme une entreprise privée».

Licenciement controversé d’un imam

Parmi les raisons derrière ce conflit, figure également le licenciement récent d’un imam jordanien. Une décision, qui selon les détracteurs de l’association, a été prise «sans aucune consultation» et «sans aucun motif réel et convaincant». Ils affirment aussi que l’imam, «apprécié par la quasi-totalité» de la communauté musulmane de Blois, avait été victime, avant son licenciement, d’une agression en pleine prière. Des faits qui, selon les responsables de Vivre Ensemble, n’ont jamais eu lieu.

«Il n’y a pas eu d’agression», nous affirme le vice-président de l’association, Mohamed Zouadi, joint ce matin par téléphone. Selon lui, si l’imam a été limogé, c’est pour une tout autre raison. «L’imam était tout simplement incompétent», nous a-t-il indiqué.

Pour ce qui est des autres accusations qui pèsent sur l’association, Mohamed Zouadi affirme que la division n’est pas dans leurs intentions. «Ici, il n’y a pas de divisions», nous a-t-il assuré. Selon lui, seuls «certains individus, une dizaine, essentiellement des Algériens» sont concernés par ces «fausses» accusations. «Plusieurs associations franco-algériennes nous soutiennent d’ailleurs», ajoute-t-il, promettant que toutes les nationalités seront représentées au sein de l’association.

«Le gâteau aiguise les convoitises»

Même son de cloche du coté du président de l’association, Mohamed Mazghi. «Ce n'est pas parce que la mosquée est financée à 90 % par les Marocains qu'elle sera celle des Marocains. Je peux certifier que tout le monde y aura sa place et que ces peurs sont donc infondées», a-t-il fait savoir dans un entretien avec Lanouvellerépublique.fr. En mai dernier, le roi Mohammed VI avait en effet fait don d’un chèque de 787 000 euros, soit plus de 8,5 millions de dirhams, à l’association, pour la construction de la future mosquée. A cela s’ajoute près de 700 000 euros réunis grâce aux fidèles marocains, nous a-t-on indiqué.  

«Nous travaillons depuis dix ans. On arrive au bout et le gâteau aiguise les convoitises. Je ne suis pas surpris car il s'est passé la même chose ailleurs. Cette affaire est un peu triste. Elle ne donne pas une bonne image de notre religion. Mais je ne veux pas entrer dans une polémique. Ce qui m'importe, c'est que le chantier soit mené à bien. Sauf aléas, on espère que la mosquée sera prête en juin prochain», a-t-il conclu. Les responsables de l’association espèrent, en effet, pouvoir ouvrir les portes de la mosquée Bilal pour le mois de ramadan 2013.