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Grand Angle  

Maroc-Algérie : Le zellige devient une revendication nationaliste

Dimanche, le wali d'Oran Said Sayoud a affirmé que le zellige fait partie du patrimoine national et qu’il est «100% algérien», relançant ainsi la polémique née après la présentation des maillots d’entrainement de l’équipe nationale algérienne par Adidas et qui a fait réagir le ministère marocain de la Culture.

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Le wali d'Oran Said Sayoud, lors de l’ouverture du Salon international de l'immobilier, du bâtiment et des travaux publics (Batiwest). / DR
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Le wali d'Oran a relancé, dimanche, la polémique sur le zellige entre l’Algérie et le Maroc. Lors de l’ouverture à Oran du Salon international de l'immobilier, du bâtiment et des travaux publics (Batiwest), Said Sayoud s’est arrêté au stand d’un producteur algérien de zellige identique à celui imprimé sur les maillots d’entrainement de l’équipe algérienne.

Le responsable a ainsi interpelé le producteur pour lui poser plusieurs questions suggestives. «C’est la culture algérienne que nous avons voulu mettre en œuvre au Batiwest», répond le producteur de zellige algérien dans une vidéo publiée par Radio Oran. Le wali reprend pour l’interroger sur le maillot de l’équipe nationale algérienne conçu par Adidas. «Le tricot de l’équipe nationale a été travaillé pratiquement par ce zellige» avance-t-il, ce que le producteur de «zellige» algérien confirme, en citant le type de technologie à laquelle il a fait appel.

Un patrimoine «100% algérien»

«C’est notre zellige», lance le wali à son interlocuteur, qui confirme la déclaration. «Et lorsqu’on l’a mis sur le maillot (de l’équipe nationale, ndlr), ils (les Marocains, ndlr) n’étaient pas contents», rebondit le responsable. Le «zellige» algérien «se trouve à Telmcen. On le visite et on le voit», indique le producteur.

Lors d’une déclaration à Radio Oran, ce dernier affirme que ce type de «zellige existe en Algérien depuis des centaines d’années», notamment à «la Kasbah, à Telmcen, au Qasr El Bey (Oran, ndlr)», en assurant qu’il s’agit d’un «patrimoine de la culture algérienne». Pour sa part, le Wali a dit avoir été «surpris de voir le producteur présenter les mêmes motifs que ceux sur les maillots d’entrainement de l’équipe nationale» algérienne.

«Cela nous a ravi et nous a plu, ce qui m’a poussé à lui poser des questions au. Ce dernier a assuré produire ce zellige depuis des années, qu’il s’agit d’un signe du patrimoine national algérien et qu’il est 100% algérien», rapporte-t-il.

«Je lui ai dit que lorsqu’on le produisait, personne ne s’en plaignait, alors que lorsqu’il a été imprimé sur les maillots de l’équipe nationale, cela a irrité les autres (les Marocains, ndlr). Nous respectons notre héritage et celui des autres mais c’est notre patrimoine que nous ne cèderons pas. C’est notre droit de le mettre sur nos maillots, nos couvertures ou les devantures de nos immeubles et personne n’a le droit de le contester.»

Said Sayoud

Le wali d’Oran n’a pas tari d’éloges sur le producteur algérien, en mettre en avant sa production de type de zellige de «haute qualité», dont un «zellige avec des motifs en or». «Nous devons remercier ces investisseurs qui fabriquent ces produits (…) nationaux que nous valorisons tout comme leur travail», conclut-il.

Un patrimoine revendiqué par le Maroc

Avant Said Sayoud, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abou El Fadl Baadji a critiqué le Maroc, il y a quelques jours, pour avoir revendiqué que le zellige est issus du patrimoine marocain. Il a notamment accusé le royaume de «se tailler les terres algériennes d’avant l’indépendance» de son pays et de tenter «de voler tout ce qui est beau à l’Algérie». Le responsable politique a même prétendu que «depuis l’époque romaine, la ville d’Oujda et d’autres, dont Guercif, appartiennent à l’Algérie, jusqu’en 1845, date de la signature du traité de Lalla Maghnia», avant d’avancer que la fabrication de la poterie dans la ville de Safi, sur l’océan Atlantique, aurait été enseignée aux Marocains «par le professeur Boudjemaa El Djazairi de Tizi Ouzou, qui est algérien».

La polémique autour des sources historiques et culturelles du zellige intervient alors que ce patrimoine n’est inscrit au nom d’aucun pays sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle rappelle celle sur le couscous, patrimoine culturel immatériel de l'Unesco depuis 2020, dont la parenté a été revendiquée par les quatre pays du Maghreb avant que l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie ne finissent par déposer un dossier de candidature commune.

Jeudi 29 septembre, le ministère marocain de la Culture a accusé Adidas d’avoir «volé» des motifs du zellige marocain pour les utiliser sur le nouveau maillot de l’équipe nationale algérienne de football. Le département a annoncé aussi sa décision d’adresser une mise en demeure au spécialiste de l’habillement sportif Adidas pour «appropriation culturelle».

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