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Grand Angle

Spoliation : L’ex-avocat d’un Belgo-marocain condamné pour faux et usage de faux

La chambre criminelle de la Cour d’appel de Tanger a condamné Maître Abdelouahab Lahnini, ex-avocat du Belgo-marocain Hassan Boutchichi, à trois ans de prison ferme. Toutefois, l’ex-avocat du MRE n’a été ni arrêté par la police ni rayé du barreau de la ville.

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Photo d'illustration. / DR
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Du nouveau dans le cadre du volet pénal de la bataille judiciaire qui oppose le Belgo-marocain Hassan Boutchichi à son ex-avocat, Maître Abdelouahab Lahnini. Il y a quelques jours, la Cour d’appel de Tanger a condamné ce dernier à trois ans de prison ferme pour «faux et usage de faux». Dans son verdict, la justice a ordonné de détruire les documents falsifiés. Elle a également condamné l’avocat à verser une indemnisation de 100 000 dirhams à sa victime, en supportant la charge des dépens, selon le verdict consulté par Yabiladi.

Déjà en janvier 2022, le juge d’instruction chargé de l’affaire avait reconnu l’existence de «preuves» de faux et d’usage de faux, préconisant de poursuivre l’avocat par les articles 129, 353, 345 et 356 du Code pénal et de le traduire devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Tanger.

«Mon ex-avocat est toujours recherché par la police dans le cadre de l’application de la contrainte par corps. Il doit me verser 1,5 millions de dirhams sinon il sera emprisonné pour 10 mois», nous confie ce mardi Hassan Boutchichi. Car parallèlement à l’application de la contrainte par corps, le Belgo-marocain accusait son ex-avocat ainsi que deux huissiers de justice, déjà condamnés en appel à deux ans de prison ferme, d’«association de malfaiteurs».

Condamné, l’avocat n’a pas été rayé du barreau de Tanger

Durant le procès, «l’avocat a apporté des certificats médicaux pour ne pas se présenter aux audiences», nous déclare le Belgo-marocain, rappelant que son avocat a expliqué au juge que Me Abdelouahab Lahnini «ne vient pas parce qu’il a une contrainte par corps et est condamné à de la prison».

«L’avocat a été appelé à se présenter devant le juge. Cela a pris quatre mois avant l’audience du 20 septembre, audience à laquelle il ne s’est pas non plus présenté. Malgré les arguments de ses avocats, le juge a rendu son verdict.»

Hassan Boutchichi

Le MRE précise que l’huissier de justice et son secrétaire «ont été auditionnés comme témoins et non pas comme accusés». «L’avocat était censé se défendre mais comme il n’était pas venu aux audiences, il a été condamné comme étant l’auteur du faux», note-t-il.

Mais si cette nouvelle victoire reste, pour le moment, de l'encre sur du papier. «L’avocat se trouve toujours à Tanger, selon des témoins oculaires. On ne veut pas l’arrêter car il est connu ici et personne n’ose se mettre en face de lui», déplore Hassan Boutchichi. «Quand je veux le notifier, peu d’huissiers de justice acceptent de le faire, les autres ayant peur de représailles», rappelle-t-il.

De plus, même s’il est condamné à de la prison, Me Abdelouahab Lahnini n’est toujours pas rayé du barreau de Tanger. «J’ignore les raisons. Pourtant, je leur ai remis plusieurs fois des documents», nous explique le Belgo-marocain, faisant savoir que le bâtonnier de Tanger «ne veut même pas [le] recevoir». «Ses réponses me sont transmises via sa secrétaire. On m’a expliqué que le barreau doit recevoir l’ordre du Procureur général. Normalement, il doit être déjà rayé», enchaîne-t-il.

Notre interlocuteur rappelle que son ex-avocat attendrait peut-être d’avoir ses 60 ans. «Il y a deux échos que j’ai reçus : le premier dit que lorsqu’il aura 60 ans en février 2023, il ne fera plus de prison alors que le deuxième explique le contraire puisque la condamnation a eu lieu avant ses 60 ans. Je ne sais pas ce que fera le juge», fait-il savoir.

Une autre affaire en cours

En attendant, cet épisode judiciaire est loin d’être terminé, puisque la justice n’a pas encore rendu son verdict final dans une autre affaire opposant Hassan Boutchichi à Me Abdelouahab Lahnin. D’ailleurs, c’est même grâce à ce dossier que le Belgo-marocain avait réussi à coincer son ex-avocat, en portant plainte contre lui en mai 2017, grâce à des enregistrements audio, des conversations sur WhatsApp et un document que l’avocat lui avait remis, dans une affaire entre le MRE et des locataires.

«Le document en question est actuellement au laboratoire de la Gendarmerie de Rabat pour vérifier s’il s’agit bien de son écriture. Il m’avait donné un faux avis de recherche qu’il avait falsifié avec le cachet du tribunal», insiste Hassan Boutchichi, qui rappelle que son avocat avait été innocenté par le tribunal de première instance, avant qu’il n’interjette appel.

En mars 2021, la Cour d’appel de Tanger avait donné raison à Hassa Boutchichi, condamnant son ex-avocat à quatre mois de prison avec sursis et à lui verser 1,5 million de dirhams de dommages et intérêts. La peine a été confirmée en décembre 2021 par la Cour de cassation, saisie pourtant par l’avocat du barreau de Tanger pour annuler ledit jugement.

La plus haute juridiction marocaine a, en plus du rejet de la demande de l’avocat, confirmé la condamnation de l’avocat à 4 mois de prison avec sursis pour «abus de confiance» et le sommant de payer 3 000 dirhams d’amendes. Pour les demandes du plaignant Hassan Boutchichi, la Cour de cassation a confirmé le jugement en appel, condamnant l’avocat à payer 1,5 million de dirhams au Belgo-marocain.

Hassan Boutchichi se bat depuis 18 ans maintenant pour récupérer sa villa spoliée. C’est en effet en 2004 qu’il avait mandaté un premier avocat du barreau de Rabat pour s’occuper de ce dossier qu’il perd finalement en première instance en 2005.

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