La futur ligne TGV marocaine Tanger Casablanca comparée à la LGV Paris-Marseille. Une délégation parlementaire marocaine va se rendre en France, du 8 au 11 octobre, pour mesurer les impacts socio-économiques du TGV, indique le Sénat français, selon Atlas Info. Le projet de TGV, au Maroc, entre Tanger et Casablanca, inauguré le 29 septembre, par Mohamed VI et Nicolas Sarkozy, doit entrer en fonction dès 2015, en dépit d’une opposition persistante. Le sénateur français Christian Cambon recevra, à Paris et Lyon, cette délégation de la Chambre des conseillers marocains, conduite par son homologue Abderrahim Atmoun, également président de la commission parlementaire mixte Union européenne-Maroc.
«Pour moi, il s’agit d’une bonne nouvelle. Savoir que nos parlementaires comprennent leur mission et essaient de creuser cette question du TGV, c’est une bonne chose», estime Omar Belafrej, fondateur du mouvement Clarté Ambition Courage et membre du mouvement «Stop TGV». Toutefois, la visite des parlementaires marocains se place plus dans l’optique d’accompagner la mise en œuvre de la LGV que de remettre en cause son bien fondé. A Lyon, la délégation marocaine découvrira «les infrastructures ferroviaires et leur interconnexion avec le réseau urbain et périurbain».
Trop tard ?
A Paris, ils rencontreront les responsables de la SNCF autour de thématiques axées sur «les enjeux et impacts sociaux-économiques du TGV», rapporte Atlas Info. «Cette démarche aurait dû avoir lieu en amont. Faut-il comprendre que nos élus ont voté un projet dont ils ne connaissent pas l'impact socio-économique ?», s’interroge Karim El Hajjaji, membre de Cap démocratie maroc (Capdéma) et du mouvement Stop TGV. La décision de construire la ligne Tanger Casablanca est actée depuis un an déjà. Pourtant, pour Omar Belafrej, il n’est pas trop tard. «La situation économique du Maroc et l’état des finances publiques s’annoncent chaque jour moins bons. C’est le moment de couper dans certaines dépenses», explique Omar Belafrej.
Difficile de croire que ce soit à l’ordre du jour des parlementaires alors qu’ils se rendent en France, pays d’Alstom, la société choisie pour construire la LGV marocaine. «Je ne pense pas que la meilleure chose à faire, pour étudier les impacts du TGV soit d’aller en France, qui est LE pays du TGV. L’Espagne, l’Argentine qui ont abandonné des projets de TGV, même l’Italie où le sujet est en débat, auraient été des destinations plus adaptées», estime Omar Belafrej. «Visiter la ligne de TGV la moins contestée en France et écouter les explications d'une entreprise qui participe au projet marocain aidera-t-il nos élus à se faire une idée objective du TGV ?», renchérit Karim El Hajjaji.
«de la folie»
Toutefois, la France n’est pas nécessairement un mauvais parti, pour les opposants du TGV au Maroc, car dans le pays du TGV, il y a également des débats autour des nouvelles lignes. «Les députés auraient plutôt dû assister aux réunions de débat public sur le projet de ligne à grande vitesse entre le Paris et le deuxième port de France, le Havre. Cette ligne est prévue depuis 1991 et ce n'est qu'en 2012 que sa réalisation a été décidée, parce qu'un tel investissement n'est pas pris à la légère en France», souligne Karim El Hajjaji.
Le 11 juillet, le ministre du ministre du budget, Jérôme Cahuzac a parlé «d'élaguer» parmi tous les programmes d'infrastructures de transport annoncés par le précédent gouvernement, sans entrer dans les détails. «Lorsqu’il m’est arrivé de discuter du TGV marocain avec des membres de l’opposition (PS), à l’époque du gouvernement de Sarkozy, on me disait que c’était de la folie», se souvient Omar Belafrej.
Arrivés dans la majorité, les mêmes personnes continueront-elles à tenir le même discours, alors que le contrat du TGV doit bénéficier à l’industrie française via Alstom ? «Il suffirait aux Marocains de demander de transformer ce projet, en un autre, dans le domaine ferroviaire également, mais qui soit réellement bénéfique aux Marocains plutôt que de ne profiter, dans le meilleur des cas qu’à une petite frange de la population», estime le membre de Stop TGV.