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Grand Angle

Gestion des déchets au Maroc : Près d’un milliard de retards de paiements aux opérateurs

Les sociétés en charge de la gestion des déchets doivent parfois attendre un an, voire plus pour être recouvrées et les factures atteignent des sommes colossales. Après le retrait de la francaise Veolia, les autorités des villes marocaines veulent dorénavant gérer localement l’assainissement de leurs villes.

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Le retrait de Veolia des villes marocaines est encore frais, puisque le groupe français avait cessé ses activités dans le royaume depuis fin juillet. Et même si les raisons avancées concernent une restructuration stratégique du groupe français, une réalité reste certaine : l’Etat n’est pas souvent un bon payeur.

«Aujourd’hui, les retards de paiement cumulés pour l’ensemble des opérateurs frôlent le milliard de dirham», confie à l’Economiste, Mustapha Braker, expert en déchets et ancien chef de service de propreté de la ville d’Agadir. Pour le cas de Veolia, les retards «ont dépassé parfois plus de 15 mois pour un montant de créances cumulées de près de millions de dirhams», fait savoir l’expert, ajoutant que cet élément fait partie des faits qui ont eu une mauvaise conséquence sur l’activité de l’assainisseur français.

«Non» à la gestion déléguée

A présent, quelques villes optent pour la gestion directe. A Rabat, le conseil de la ville tourne le dos à la gestion déléguée et opte pour un autre mode de gestion dans le cadre d’une société de développement local [SDL]. Il s’agit en fait d’une société dont l’Etat détient la majorité du capital [51%] et le reste est ouvert aux opérateurs qui pourront se focaliser sur l’exploitation ou la gestion technique. «Nous venons de lancer un avis de candidature pour participation au capital de la nouvelle société», indique à l'Economiste Abdelmonaime Madani, adjoint au maire, responsable de ce secteur au niveau de la commune. En attendant, Rabat procède à une gestion autonome de ses déchats ménagers, tandis que Salé a fait appel à une société marocaine, Mecomar. 

Agadir est ferme sur la question. «Pour nous, il n’est pas question de déléguer la gestion du secteur des déchets», martèle Tarik Kabbage, maire de la ville. Pour cause, la gestion déléguée coûte chère, souligne-t-il précisant que le coût de la gestion directe « avoisine 210 dirhams la tonne, alors que c’est le double dans les grandes villes». La commune envisage également la création d’une SDL pour la gestion de la décharge contrôlée de la ville.

Les autorités de ces villes s’attendent à résoudre enfin le problème de l’insalubrité dans nos villes. D’autant que, le problème des déchets dans nos grandes villes a défrayé la chronique durant l’été. Et le problème des retards de paiement des opérateurs soulève juste la question de savoir à quoi a servi les 100 millions d’euros prêtés par la banque mondiale au Maroc pour gérer l’assainissement.

Néanmoins, il faut dire qu’au Maroc, la gestion des déchets s’est développée au fil des années et genère aujourd'hui un chiffre d'affaires évalué à près d'1,5 million de dirham. Aussi, la délégation aux entreprises étrangères a permis une professionnalisation du secteur, mais a également montré ses limites. Selon M. Brakez, la SDL «est un mode de gestion déjà appliqué dans d’autres pays et qui a donné des résultats probants».

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