«Dans tous les pays il reste un long chemin à parcourir. […] Mais au Maroc, on peut le constater de nos propres yeux, avec les déchets plastiques», souligne David French, scientifique écossais responsable de l'expédition «The Changing ocean», projet parrainé par l'Unesco et qui entreprend depuis 2010 des missions scientifiques et socio-éducatives, rapporte AFP.
M. French et son équipe ont pu faire ces observations lors de leur escale à Salé, du 23 au 27 septembre dernier, à bord du voilier «Fleur de Passion», utilisé par la Fondation suisse «Antinea» dans le cadre d’une mission de sensibilisation à la nécessité vitale de protéger les mers au Maroc comme ils le font partout où ils vont.
La biodiversité marine en danger
En 2012, 20 plages marocaines ont obtenu «le Pavillon bleu», pour la qualité de l'eau et la propreté des sites, entre autres. Mais parallèlement, 20 plages sur 141 étudiées avant l’été ont été déclarées impropres à la baignade. Au lendemain des vacances, le constat était flagrant sur la plage d’Ain Diab à Casablanca. Le travail des associations qui œuvrent pour la propreté de cette plage n’a pas empêché de se retrouver avec une vague d’ordures.
Selon la mission scientifique de l’expédition, des études menées sur de nombreux sites des côtes marocaines montrent une biodiversité et une biomasse menacées par des phénomènes anthropiques, explique-t-elle dans un communiqué, ajoutant que cette menace provient essentiellement des effluents des eaux usées qui se déversent directement sur les plages.
Du côté d'Al Hoceima, le parc national [qui était jusqu’ici l’un des plus entretenu du royaume] est dans un état de dégradation «très avancé», et ce, malgré les efforts de sensibilisation, déplore la mission scientifique. De plus les études menées ces dernières décennies montrent que «la biomasse diminue et que ce site marin est parmi les plus dégradés», souligne la mission. Pour cause, les mauvaises techniques de pêche. En effet, les poissons y sont pêchés n’arrivent pas à maturité et les pêcheurs jettent leurs bouteilles et autres déchets dans la mer. «C’est en étudiant des sites vierges et en les comparant avec des espaces dégradés que nous pouvons mieux comprendre les mécanismes de dégradation en cours», souligne M. French.
Réconcilier le Marocain avec l'océan
David French et son équipe entendent «réconcilier l'homme avec l'océan» via des campagnes d’éducation et de sensibilisation. A Salé, ils ont réuni près de 800 jeunes sur leur navire pour les sensibiliser. Une rencontre organisée en collaboration avec le ministère marocain de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement et l'Ambassade de Suisse à Rabat, au cours de laquelle, une vidéo sur les dégâts liés aux activités humaines a été projettée.
Ces jeunes doivent retenir une chose principale : «une respiration sur deux sur la planète se fait grâce à l'oxygène produite par les océans», explique Christian Pasquali, un des scientifiques. Une manière de les emmener à comprendre combien il est important de veiller à la propreté des plages.
Apparemment, plusieurs jeunes [Youssef, Walid et Omar] ont été conscientisés au point de s’offusquer que l’on puisse «jeter les ordures sur les plages».