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L’avocate d’Iquioussen dénonce la «politique spectacle» de Darmanin

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Lucie Simon, avocate de Hassan Iquioussen / Capture d'écran
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Interviewée pour la première fois après que l’imam marocain Hassan Iquioussen a quitté la France, l’avocate Lucie Simon a dénoncé, ce vendredi, le dispositif judiciaire visant son client, à commencer par le mandat d’arrêt européen. «Un mandat d’arrêt européen porte sur des infractions graves. Là, on est soi-disant devant une soustraction à une mesure d’éloignement qui n’est même pas caractérisée en l’espèce», a-t-elle souligné.

La mesure est justifiée par le ministère de l’Intérieur, le parquet et le préfet des Hauts-de-France, en raison de la soustraction du prédicateur à une mesure d’expulsion vers le Maroc, accompagnée de l’Ordre de quitter le territoire français (OQTF) qui lui a été adressé. Depuis quelques mois, le religieux est dans le viseur du ministre Gérald Darmanin, à la suite de polémiques sur des propos antisémites et misogynes remontant à 2003. Invitée sur le plateau de BFM TV, Me. Simon a souligné que «ce que dit le ministère de l’Intérieur, c’est qu’il faudrait aller chercher [Iquioussen], le faire revenir sur le territoire pour le mettre dans un centre de rétention administrative», sachant que le laisser-passer permettant son expulsion vers le Maroc est suspendu.

Lors de cet entretien, l’avocate a confirmé que son client avait bien quitté le territoire français, sans préciser où il est. Mais lors de sa demande de renouvellement de titre de séjour, cet été, Iquoussen s’est bien présenté en préfecture, selon Me. Simon, qui dément de précédents éléments suggérant un éventuel départ depuis cette période. «C’est à partir de ce moment-là qu’il a reçu un bulletin de notification d’une procédure d’expulsion», annonçant «plusieurs mois de bataille judiciaire», a-t-elle souligné. «Il est parti parce qu’il avait reçu une décision», a-t-elle insisté, ajoutant que son client avait «obtempéré, respecté la décision ministérielle et quitté le territoire français».

Par la même occasion, l’avocate d’Iquioussen a déploré «une chasse à l’homme à laquelle on assiste depuis quelque temps et qui est indigne d’un Etat de droit». «Le judiciaire devient politique, le politique devient judiciaire, le politique devient tribunal populaire», a-t-elle constaté. Et de rappeler que le prédicateur «est expulsé pour des propos anciens, qui n’ont jamais fait l’objet d’une condamnation et que si la mesure a été validé, en tout état de cause, il l’a respectée».

«Le ministère fait de la politique spectacle. Il ne veut pas que mon client obtempère et respecte la décision ministérielle. Il veut que mon client le fasse sous les caméras.»

Lucie Simon a souligné «un problème de dignité», en plus de la disproportionnalité du dispositif de surveillance visant Iquioussen et sa famille. Dans ce sens, l’avocate estime que «le ministère de l’Intérieur cherche à faire du buzz». Devant le domicile de son client, «il y a des camions de policiers accompagnés de camions de journalistes», a-t-elle souligné, suggérant une tentative de «créer un ennemi public numéro 1, pour servir un agenda politique et législatif».

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