«J'accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans». C’est ce qu’avait promis François Hollande lors de la campagne présidentielle française en mai dernier. Aujourd’hui, près de quatre mois après son entrée à l’Elysée, le projet de loi ne semble plus faire l’unanimité au sein du gouvernement. Jean-Marc Ayrault, invité jeudi soir de l’émission «Des paroles et des actes» diffusée sur France 2, a tenu à rassurer sur cette question.
Hollande «tient à ce qu’elle soit respectée»
Le Premier ministre français a, en effet, affirmé que François Hollande tenait toujours à ce que cette promesse «soit respectée», «même si celle-ci est plus difficile que les autres à mettre en œuvre», rapporte le Nouvel Observateur. «Nous n'avons pas la majorité, donc il faut la rechercher», a-t-il déclaré. Pour ce faire, Jean-Marc Ayrault souhaite «convaincre» suffisamment de députés de droite, dans l’espoir de faire passer le doit de vote des étrangers au Parlement. «Je veux convaincre. Moi je ne décourage pas de convaincre, il y a 30, 40 députés à convaincre», a-t-il affirmé.
«Je veux dépassionner ce débat, pas en faire un enjeu (...) de politique intérieure et d'affrontement», a-t-il ajouté. Interrogé sur les résultats d’un sondage montrant qu’une majorité des Français seraient contre ce projet de loi, Ayrault répond que ces conclusions «manifestent certainement une inquiétude, peut-être une incompréhension (...) mais ce n'est pas pour ça qu'il faut renoncer».
«Une première étape vers l’intégration»
Pour le locataire de Matignon, l’octroi du droit de vote aux élections locales aux étrangers non-communautaires, habitant légalement en France depuis au moins cinq ans, serait une «première étape vers l’intégration». Ayrault a, toutefois, laissé entendre que le projet de loi n’est pas pour «bientôt», confirmant ainsi les derniers propos de Manuel Valls à ce sujet. Le ministre de l’Intérieur avait déclaré, le 20 septembre dernier, qu’il ne fallait «pas se précipiter». Et de préciser : « il faut convaincre si on veut réussir et tenir cet engagement».
Copé : «Nous ne lâcherons pas le Gouvernement»
Entre temps, la droite promet de «mettre toutes ses forces» pour faire enterrer la promesse de campagne socialiste. «Si François Hollande persiste avec Jean-Marc Ayrault et le Gouvernement à introduire dans notre constitution le droit de vote pour les étrangers non communautaires, il portera atteinte au lien indissociable depuis les fondements de la République entre le droit de vote et la nationalité française élargie aux citoyens de l'union européenne en vertu d'un accord de réciprocité qui ne concerne pas les citoyens non européens», a déclaré Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, dans une vidéo publiée hier, jeudi 27 septembre, sur le site officiel du parti.
«Nous ne lâcherons pas le Gouvernement», a-t-il réaffirmé avant de rappeler : «Si François Hollande persiste dans cette voie, nous demanderons un référendum». Et d’ajouter : «Il ne saurait être acceptable que l'on puisse dire que l'on va brader la nationalité française, que l'on va considérer que le seul fait de résider en France donne lieu à droit de vote».
A noter qu’en Irlande, par exemple, les étrangers ont le droit de voter aux élections municipales depuis 1963. En Suède aussi, les résidents étrangers peuvent voter depuis 1975. Cette mesure est également en vigueur depuis des années au Danemark et aux Pays-Bas et depuis peu, en Belgique, Luxembourg, Finlande, Estonie, Lituanie, Hongrie, République tchèque, Slovaquie ou encore en Slovénie.