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Grand Angle

La Mauritanie condamne la sortie de Raissouni mais observe le silence face à celles de Tebboune et Ghali

La vague de condamnation en Mauritanie des propos d’Ahmed Raissouni, tranche avec le silence qu’a observé Nouakchott lorsque le président algérien, Abdelmadjid Tebboune a traité le voisin du sud de pays faible et face aux menaces répétées par le chef du Polisario. Un deux poids deux mesures, flagrant.

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Le président mauritanien Mohamed Ould El Ghazouani. / DR
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«L’existence de la Mauritanie est une erreur», signée par Ahmed Raissouni, a suscité une levée de bouclier en Mauritanie. Partis politiques, de différentes tendances idéologiques, des organisations religieuses et professionnelles, ainsi que le gouvernement mauritanien ont tous fermement condamné les propos du président de l'Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), basée au Qatar. La partition jouée, sans la moindre fausse note, par ces mêmes acteurs tranchent complètement avec le silence qu’ils ont observé face aux déclarations du président algérien sur la Mauritanie et les menaces proférées par le secrétaire général du Front Polisario contre leur pays.

Le 30 mars au Palais Al Mouradia à Alger, Abdelmadjid Tebboune reçoit le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Antony Blinken. Face à un invité de marque, le chef d’Etat se lâche et dresse un long réquisitoire contre le Maroc, pointant du doigt les «ambitions expansionnistes» du royaume en Algérie, en Mauritanie et au Sahara occidental.

Dans un moment d'inadvertance de sa part, il oublie le Maroc, sa cible principale, pour se plaindre à son invité de la géographie. «Nous sommes entourés de pays qui ne nous ressemblent pas beaucoup à l’exception de la Tunisie. Toutes nos frontières sont en flammes et même la Mauritanie n’est pas si forte» pour défendre sa sécurité. Des propos qui constituent une atteinte à la souveraineté d’un Etat voisin, mais qui sont passés inaperçus par les mêmes parties qui se relaient pour condamner, cette semaine, la sortie d’Ahmed Raissouni.

Le même silence a été observé face aux menaces de Brahim Ghali

Ce silence est loin d’être un cas isolé. Les parties mauritaniennes l’ont adopté face aux menaces proférées par Brahim Ghali. «La Mauritanie serait le premier affecté par toute tension entre le Maroc et le Polisario du fait de la longueur de ses frontières avec la république sahraouie», avait-il affirmé, lors d’une réunion avec les membres d’une délégation mauritanienne, venue assister au 15e congrès du Polisario, organisé en décembre 2019 à Tifariti. Et de conclure son message destiné essentiellement au pouvoir du président Mohamed Ould El Ghazouani en lançant un appel au «peuple mauritanien pour soutenir le peuple sahraoui».

L’absence de réaction en Mauritanie a encouragé le Polisario de récidiver. Jetant aux orties les intérêts des consommateurs mauritaniens, le mouvement séparatiste a procédé, en octobre 2020, au blocage du passage d’El Guerguerate. Là aussi, l’exécutif à Nouakchott n’a rien entrepris pour convaincre le Front de retirer ses éléments de la zone tampon.

Un mois plus tard, c’est au tour de Brahim Ghali de procéder à une mise à jour de ses menaces proférées en décembre 2019, mais sans soulever la moindre réprobation. Seul un ancien ministre et porte-parole du gouvernement, Sidi Mohamed Ould Maham, s’est offusqué sur sa page Facebook de la sortie du chef du Polisario.

Ce ton menaçant envers la Mauritanie a été, également, adopté par Khatri Addouh, responsable du secrétariat de l’organisation politique au Front. Il a estimé, en octobre 2021, que la circulation des biens par El Guerguerate vers les marchés de l’Afrique de l’Ouest «est un réel pillage des ressources du Sahara occidental». il a accusé les Etats, dont la Mauritanie, qui autorisent l’entrée des camions en provenance du royaume ayant passé par ce passage, de «violer la loi de l’Union africaine et d’ignorer l'existence d'accords et de traités régissant de telles transactions» dans le cadre de l'UA.

Ahmed Raissouni n’a aucun titre officiel au Maroc. En revanche, les déclarations d’Abdelmajid Tebboune et de Brahim Ghali émanent de personnalités ayant des fonctions officielles : Le premier est président d’une république et l'autre est à la tête d’un mouvement séparatiste armé.

Pour rappel, le ministre mauritanien de l'Education nationale et de la Réforme du système éducatif, porte-parole du gouvernement, Mohamed Melainine Ould Eyih, avait précisé, dans des déclarations à la presse, que la délégation d’avocats mauritaniens qui a visité, en mai dernier, Laâyoune et Dakhla ainsi qu’El Guerguerate, «ne reflète pas la position du gouvernement» de Nouakchott sur le dossier du Sahara occidental. La sortie d’Ahmed Raissouni sur l'existence de l'Etat mauritanien n’est-elle pas logée à la même enseigne ?

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