Le Marocain Lahoussine El Haski, condamné à 7 ans de prison, en 2006, pour son appartenance active au Groupe islamique combattant marocain (GICM), vient d’obtenir la condamnation de l’Etat belge à lui verser 5000 euros de dommages et intérêts, par la Cour européenne des droits de l’homme, rapporte aujourd’hui, mercredi 26 septembre, la presse belge. La cour a reconnu que Lahoussine El Haski n’avait pas bénéficié d’un procès équitable, car la majorité des preuves retenues contre lui ont pu être obtenues, au Maroc, sous la torture.
Le Marocain de 36 ans qui vit aujourd’hui libre en Belgique, avait été condamné au terme d’un très médiatique procès en tant que leader théologique GICM, structuré en 2001. Le mouvement jihadiste est directement impliqué dans les attentats en Espagne, en mars 2004, et de Casablanca en mai 2003. Le parcours de Lahoussine El Haski l’a mené dans une école coranique pour apprendre le fiqh hanafite, de 1994 à 1999, rapporte la Libre Belgique. Les deux premières années il s’est également rendu en Afghanistan pour y suivre un entrainement militaire, ainsi qu’en Tchétchénie.
Ce n’est qu’en 2002, que Lahoussine retourne au Maroc. Suite aux attentats de Ryad, en Arabie Saoudite, un an plus tard, il fuit le Maroc, recherché par les autorités du pays, à destination de la Belgique, dans sa belle famille. Il a été arrêté, en 2005, en Belgique, dans le cadre d’un vaste coup de filet qui a fait tomber l’ensemble de la cellule belge du GICM.
Culpabilité fondée sur des tortures ?
Lahoussine El Haski n’a donc jamais eu la possibilité d’être directement torturé par la police marocaine. Ce sont les déclarations à charge d’autres suspects, obtenues au cours d’interrogatoires au Maroc, qui ont pu être soutirées par la torture. Or, la majorité des preuves réunies contre lui provenaient des autorités marocaines, rapporte rtbf.be Les déclarations incriminant Lahoussine El Haski ont été faites par les suspects qui ont été arrêtés au Maroc peu de temps après l'attaque meurtrière d'une synagogue à Casablanca. Pour la Cour européenne de justice, ces déclarations auraient dû être retirées du dossier. Que serait-il resté alors pour condamner Lahoussine El Haski ?
Dans ces conclusions la cour ne se base pas sur l’existence de tortures avérées contre les suspects interrogés, mais sur la possibilité simple qu’ils aient été torturés. Ce raisonnement est aujourd’hui vérifié par l’actualité. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Juan Mendez, était en visite au Maroc du 14 au 22 septembre. Samedi 22 septembre, devant les journalistes, il a délivré ses premières conclusions : «malgré les améliorations notables qui ont été constatées, plusieurs formes de tortures persistent au Maroc.» La probabilité pour que les suspects de l’attentat de la synagogue de Casablanca aient été torturés est même plus grande que la moyenne. «La torture semble être plus cruelle, violente et systématique quand il s'agit de la sécurité nationale», a expliqué le rapporteur de l’ONU.