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Grand Angle

Sahara : Le Kenya élit un nouveau président connu pour ses positions pro-Maroc

Vice-président du Kenya pendant dix ans, William Ruto a remporté l’élection présidentielle au Kenya et succédera, sauf surprise, à Uhuru Kenyatta. Contrairement aux élections précédentes, les deux candidats, Ruto et son rival Raila Odinga, sont connus pour leurs positions Pro-Maroc sur le dossier du Sahara.

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Le nouveau président du Kenya, William Ruto. / Ph. Thomas Mukoya - Reuters
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Au Kenya, les vents du changement ont encore soufflé, permettant au vice-président William Ruto de remporter, lundi, l'élection présidentielle au Kenya. Selon la commission électorale du pays, William Ruto a obtenu 50,5% des voix, contre 48,85% pour Raila Odinga. Vice-président pendant dix ans, s’est présenté pour la première fois à l’élection présidentielle face à un Raila Odinga habitué, qui était même soutenu par le président sortant Uhuru Kenyatta.

Ces élections, marquées par des tensions entre les partisans des deux candidats, ont été suivies par des appels au calme. Quatre des sept membres de la commission électorale ont refusé d'approuver l'annonce, affirmant que les résultats étaient «opaques» et promettant de «faire une déclaration complète».

Selon la presse internationale, des foules de supporters du nouveau président kenyan ont célébré sa victoire dans son bastion d'Eldoret, tandis que des violences ont éclaté dans certains quartiers populaires de la capitale Nairobi, notamment dans les bastions de Raila Odinga. Ce dernier ne manquera pas de contester les résultats, comme en 2017, lorsqu’il avait réussi à les annuler par verdict de la Cour suprême du pays et en 2007.

Le Maroc suit avec beaucoup d'intérêt les élections présidentielles kenyanes, d'autant plus que ce pays d'Afrique de l'Est compte parmi les soutiens les plus en vue du Front Polisario sur le continent. Les autorités de Nairobi ont souvent usé de leur diplomatie sous le règne du président sortant pour défendre les intérêts du mouvement séparatiste ou porter atteinte à ceux du Maroc dans les forums continentaux et internationaux.

Ruto et son rival plus proches du Maroc que du Polisario

En octobre dernier, la présidence kenyane du Conseil de sécurité de l'ONU avait programmé trois sessions pour discuter de la question du Sahara. En novembre dernier, le président kenyan sortant avait publié une déclaration conjointe avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, exprimant leur soutien au Front Polisario. Uhuru Kenyatta a également tenté d'exploiter le drame migratoire à la frontière du Maroc avec Melilla, pour s’en prendre au royaume, en mobilisant son représentant auprès des Nations unies afin de pousser le Conseil de sécurité de l'ONU à discuter le drame et à condamner la «répression violente des migrants».

Mais il faut dire que la chance a souri au royaume cette fois, les deux candidats à l’élection présidentielle étant considérés comme proches de la position du Maroc sur le différend du Sahara occidental. En effet, Raila Odinga est connu pour ses positions en faveur de la marocanité du Sahara. En mars 2015, il avait pris la tête d’une délégation kényane, composée de politiques et de décideurs économiques, venue prendre part au Forum Crans Montana de Dakhla.

Pour sa part, William Ruto est également connu pour ses positions proches de celles du Maroc. D’ailleurs, en mars 2021, il aurait confié que «le Plan d'Autonomie sous souveraineté marocaine est la meilleure solution à la question du Sahara», lors d’une rencontre avec l’ambassadeur du Maroc à Nairobi, El Mokhtar Ghambou. Toutefois, sous la pression de la diplomatie et de la présidence kenyanes, Ruto avait fait un rétropédalage, affirmant dans une lettre adressée aux Affaires étrangères de son pays que les affirmations sont «fausses» et exhortant «le ministère à traiter la question conformément au protocole du gouvernement».

Les relations diplomatiques entre le Kenya et le Maroc sont passées par une zone de turbulences. En juin 2005, le royaume avait rappelé son ambassadeur pour des consultations après la décision de Nairobi de reconnaître la «République arabe sahraouie démocratique». Le Maroc avait alors «vivement déploré une décision injustifiée et injustifiable». En février 2014, l’ouverture par le Kenya d’une «représentation diplomatique du Polisario» à Nairobi a également provoqué des grincements de dents à Rabat, bien que le Kenya soit connu pour être un soutien du Polisario en Afrique.

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