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Grand Angle  

L'autre récit de Salem Abdelfattah #2 : Les liens entre le Polisario et les groupes terroristes

Dans cet entretien en plusieurs épisodes, Yabiladi accueille Mohamed Salem Abdelfattah. Ce Sahraoui s'est rendu dans les camps de Tindouf en 2004, convaincu par les thèses du Polisario avant de rentrer à Laâyoune en 2015, déçu par les mensonges du Front. Dans cette deuxième partie, il évoque les relations du Polisario avec les groupes armés extrémistes présents dans la région.

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Mohamed Salem Abdelfattah. / Ph. Yabiladi
Temps de lecture: 2'

Les liens entre le Polisario et les groupes terroristes au Sahel est un secret de polichinelle. «Depuis les années 90 du siècle dernier, une intersection a commencé à se produire entre l'agenda séparatiste du Polisario d'une part et les groupes armés, de l’autre», nous confie Salem Abdelfattah, chef de l'Observatoire sahraoui des médias et des droits de l'Homme. Dans un entretien, que Yabiladi publie en plusieurs épisodes, le Sahraoui ayant vécu dans les camps de Tindouf précise qu’il s’agit soit des groupes armés déployés en Algérie pendant la guerre civile, ou encore dans le reste des pays sahélo-sahariens, notamment au nord du Mali.

Il explique que «le contexte de ces liens remonte à la décennie noire, et à la diffusion de l'idéologie extrémiste en Algérie». Une idéologie qui aurait été «utilisée, créée et développée par le renseignement militaire algériens, selon de nombreux récits, et même par d'anciens officiers et employés des services de sécurité algériens», a-t-il ajouté.

Des liens d’encadrement et de financement

Selon lui, «ces organisations ont été utilisées par le régime algérien pour éliminer les thèses politiques qui le concurrencent, car il y a eu un coup d'État contre les résultats du processus politique». «Lorsque ces organisations n’ont plus été nécessaires à l'intérieur de l'Algérie, elles ont commencé à être employées dans les environs du pays, et même dans les camps de Tindouf», assure-t-il.

«Au début des années 2000, il y a eu une baisse significative de la capacité d'encadrement du Polisario. Il fallait trouver une autre partie devant contribuer à encadrer les jeunes et les résidents des camps. Bien sûr, les organisations qui utilisaient des discours religieux étaient prêtes car répandues dans la région et jouissaient d'une large marge de manoeuvre.»

Salem Abdelfattah

Outre le besoin d’encadrer les habitants des camps, un autre facteur serait apparu, en lien avec les besoins de financement du Polisario. «Comme nous le savons, le Polisario repose fortement sur l'aide humanitaire. Le Front cherche de marchés vers lesquels revendre les produits de cette aude humanitaire sous forme de contrebande», explique-t-il encore. L’expert rappelle que «depuis 2006 et 2007, ces organisations ont commencé à quitter l'Algérie et à prendre le contrôle du nord du Mali, du nord du Niger et d'autres pays et disposaient, donc, de nouveaux marchés».

Salem Abdelfattah ajoute que «les groupes extrémistes dépendent fortement dans leurs lignes d'approvisionnement des entrepôts d'armes du Polisario». «Il y a donc une intersection significative dans les agendas, qui a permis aux organisations d’encadrer afin de contribuer au contrôle des équilibres sociaux et tribaux mais aussi de trouver un réservoir humain qui garantisse leur pérennité», note-t-il.

Ce rapprochement a même conduit «à l'émergence de leaders dans ces organisations, originaires des camps de Tindouf, à l’image d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui», chef de l'organisation «État islamique au Grand Sahara», éliminé en septembre 2021 par les forces de l’armée française au Mali.

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