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Grand Angle

Huit juges marocains en formation sur les affaires de presse à Paris

Le Parlement marocain s'est lancé, début février, dans un vaste dialogue national sur les médias, et la presse papier en particulier. Ce débat, qui rassemble parlementaires, directeurs de publications, responsables associatifs militant pour le respect et la défenses des droits de l’homme, chercheurs et professeurs universitaires, a pour but d'apaiser les tensions existantes entre les autorités et le milieu de la presse.
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Le Maroc a été pointé du doigt durant l’année 2009 par différents rapports d’ONG internationales comme Human Right Watch ou encore Reporters sans frontières (RSF). Il a notamment récolté une «place» de 127ème sur 175 pays dans le dernier classement RSF, soit une chute de cinq places par rapport à l'année 2008.

Pour remédier à cela, l’Etat a donc opté pour un dialogue rénové, même si le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement, Khalid Naciri avait mis en doute les résultats de l’étude pilotée par RSF. Il avait en effet déclaré «que nous avons fait de gros progrès dans le domaine des libertés de la presse, et chacun devrait prendre acte des libertés actuellement en vigueur. Le Maroc a sa conscience pour lui dans cette affaire, et nous tenons cela comme l'un des principaux piliers des avancées politiques». Mais il n’en reste pas moins que l’Etat se devait de réagir. Et il semblerait que les conséquences, en terme d’image à l’international de «l’affaire» Haminatou Haidar, ne soient pas étrangères à la reprise en main d’un domaine – celui des droits de l’homme - aussi stratégique que sensible aux yeux des grandes puissances de ce monde, bailleurs de fonds indispensables.

Et l’Union européenne, qui a octroyé le statut avancé au Maroc, ne semble pas disposer à faire de nouvelles concessions en matière d’atteinte aux droits humains fondamentaux. D’où le «pressing» exercé par l’UE pour une réforme en profondeur de la justice.

Sur le terrain de la liberté d’expression et l’exercice du métier du journaliste, les choses semblent peu à peu se préciser, ou plutôt se dessiner. En effet, l’Etat a décidé de modifier quelque peu son approche dans le traitement d’affaires de justice où seront mis en cause des journalistes.

Pas moins de huit juges marocains suivent actuellement une formation à la 17ème Chambre Correctionnelle de Paris afin de mieux se familiariser avec la philosophie, l’approche et la démarche employée par la justice française pour «juger» des plaintes formulées à l’encontre de journalistes. Dès leur retour au Maroc, ces juges «new look» - on parle de profils de jeunes «cadres» dynamiques- rejoindront les tribunaux respectifs de Rabat et de Casablanca (quatre dans chaque ville).

Du coup, le journaliste ne sera plus convoqué et jugé par la justice comme un prévenu de droit commun. Il n’en reste pas moins que les peines privatives de liberté, prévues dans l’actuel code de la presse, devraient être maintenues. Un code de la presse qui devrait être réétudié durant le courant de l’année.

Faut-il se réjouir de cette «avancée» ? Pour l’heure, il peut s’avérer prématuré de se prononcer en ces termes. Cependant, un pas a été franchi. C’est indéniable.

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