Etre une maman solo au Maghreb, pas facile tous les jours !

Un regard désapprobateur…

Elles sont divorcées, séparées ou veuves, et leur instinct de mère a pris le dessus. Elles ne se sont pas séparées de leurs enfants, et en paient le prix ! «Je suis divorcée, j’ai donc eu un mari et on ne m’épargne pas les remarques blessantes, je n’ose même pas imaginer le quotidien des mamans célibataires !» raconte Nora. «J’ai perdu mon mari et je n’ai même pas eu le temps de le pleurer ! Il fallait préparer la rentrée scolaire des enfants !» témoigne Maria. La jeune femme ajoute que tous les «hommes» de la famille ont couru lui apporter de l’aide. «Non sans arrières pensées, je n’ai pas encore trente ans et je n’ai plus de mari», ajoute t-elle. Pour ces hommes venus à son secours, Maria aura besoin d’une épaule, d’un homme, mais sans aucune attache !

«Mon mari est décédé il y a deux ans, depuis je ne peux plus dépasser 19h au bureau !» raconte Samia. La veuve ne cherche pas à faire la fête, mais juste à avancer dans son travail. «J’ai besoin de ces heures sup, mais les voisins ne cessent de m’épier» soupire t-elle. «Ce que je ne comprends pas, c’est que la société Maghrébine est conciliante et compréhensive avec un papa veuf».

Il est vrai que tout le monde voudra aider ce papa qui rentre tard du boulot, qui fait la fête pour oublier et qui ne s’occupe pas de ses enfants parce qu’il est triste. «Et puis, on le mariera très vite ! Ses enfants ont besoin d’une nouvelle maman pour la rentrée !» ironise Malika.

Perdre son mari n’est pas chose facile, mais choisir de divorcer n’épargne pas des soucis ! «Ma mère s’est frappé les joues pendant une semaine quand je lui ai annoncé mon divorce ! Mon père m’a simplement dit : On ne fait pas cela chez nous !» se souvient Amal. Et être divorcée renvoie aussi au fait d’être une fille facile, une lady qui a besoin d’un homme dans son lit. «J’aimerais créer le mouvement : Maman solo, sans feu aux fesses pour qu’ils comprennent une fois pour toutes !»

Solos, mais jamais seules !

Heureusement pour ces mamans solos, tout le monde n’est pas odieux avec elles. «Si ma sœur n’avait pas été là, je serai devenue folle» raconte Farah. La jeune divorcée confie sa fille de 4ans à sa sœur plusieurs soirs par semaine. «Ce n’est pas que je ne veux pas m’en occuper, mais elle est mieux avec ses cousines. Et puis, mon beau frère est un peu son papa !»

Et les voisins ne sont pas toujours cruels ! «Au Maghreb, nous avons cette culture de l’entraide entre voisins, et même si on habite en France, nous gardons un peu de notre chaleur méditerranéenne» témoigne Jamila. La jeune femme est divorcée et c’est sa voisine qui récupère son fils à l’école. «Quand il est chez elle, je sais qu’il a goûté et commencé à faire ses devoirs»

«Mes amies me sont d’une grande aide» se réjouit Houda. Elle a perdu son mari il y a trois ans, et depuis, ses amies viennent l’aider. «J’ai cru qu’elles viendraient les premiers mois et qu’elles retourneront à leur vie, mais c’est là qu’on reconnait ses vraies amies !»*

«Mon père joue le rôle du papa avec mes enfants, je sais qu’il leur faut une figure masculine dans leur vie» raconte Dalila. Ses garçons sont presque des ados et c’est à leur grand père qu’ils parlent de leurs doutes intimes. «De toutes façons, je ne saurai pas quoi leur répondre !»

Sur Internet, il y a plusieurs réseaux et forums pour se remonter le moral entre mamans solos. On envisage même de réunir celles qui habitent la même région ou le même département pour s’entraider. «Rien n’est encore concret dans ma région, mais savoir qu’on n’est pas seules dans ce cas, cela donne de la force !» nous explique Laila, divorcée et mère de deux enfants.

Pas facile d’être une maman solo, surtout au Maghreb. Il faut assurer son rôle de mère, entrecoupé de tâches du père. Il faut aussi beaucoup d’énergie et d’organisation pour gérer le côté matériel, c’est pour cela que toutes ces mamans sont des mamans courage !