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Grand Angle

L'autre récit de Salem Abdelfattah #1 : Les raisons de son départ à Tindouf

Dans cet entretien en plusieurs épisodes, Yabiladi accueille Mohamed Salem Abdelfattah, un Sahraoui qui s'est rendu dans les camps de Tindouf en 2004 après avoir été convaincu de la thèse du Polisario avant de rentrer à Laâyoune en 2015, déçu par les mensonges du Front. Dans cette première partie, il évoque les circonstances de son départ et la réalité dans les camps de Tindouf.

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Mohamed Salem Abdelfattah. / Yabiladi
Temps de lecture: 2'

Après son arrivée, en 2004, dans les camps de Tindouf, dans le sud-ouest algérien, Mohamed Salem Abdelfattah a été affecté à l'appareil médiatique du Polisario grâce à son expérience antérieure dans les cellules médiatiques pro-Polisario depuis le Sahara. Il s'est vu confier de nombreuses tâches au sein de la radio du Front, notamment l'édition et la présentation des principaux bulletins ainsi que la préparation et la présentation des programmes politiques.

Auprès de Yabiladi, il confie, concernant les conditions de son départ vers les camps, que cela intervenait «dans le contexte de l'ouverture démocratique dont le Maroc a été témoin depuis les années 90 du siècle dernier» et «ce que l'arène politique, en particulier au Sahara, a connu comme évolution significative dans le débat».

«C'était une sorte de déchaînement de sentiments. En tant que jeunes, nous étions touchés par des propositions romanesques et rêveuses, qui jouent la carte de l'appartenance chauvine, raciale et régionale, la supériorité de l'ego collectif sur l'autre ainsi que des discours de haine contre l'autre», ajoute-t-il.

Une réalité «complètement différente» de la propagande du Polisario

Toutefois, sur place, la réalité était tout autre. Ainsi, Mohamed Salem Abdelfattah reconnaît que cette réalité «est très différente de la propagande». «En général, les organisations de gauche ou fondée sur le stalinisme, s'occupent généralement du discours et maîtrisent ses jeux et sa propagande. Donc quiconque rejoint le Polisario croit qu'il rejoindra la république vertueuse de Platon pour se heurter à une réalité complètement différente une fois sur place», explique-t-il.

«Nous nous heurtions à des camps fermés, où la pensée unique domine, avec une seule idée et une seule opinion, dans le cadre du régime du Polisario, qui est basé sur le système de parti unique. Il n'y a ni pluralisme politique ou de pluralisme intellectuel et la liberté d'expression est confisquée.»

Mohamed Salem Abdelfattah

Pour lui, c'était le choc puisque les Sahraouis viennent d’un «environnement dans lequel ils peuvent se déplacer comme ils le souhaitent» pour se retrouver dans une situation où ils ont «besoin de permis pour quitter les camps» et parfois pour se déplacer même à l'intérieur des camps. «Cette situation sécuritaire et l'environnement politique fermé caractérisé par la tyrannie et la dictature, et la confiscation des libertés civiles et politiques, ne peut que saisir d'effroi un jeune homme sorti d'un milieu complètement différent», témoigne-t-il.

Quant aux habitants des camps de Tindouf, Mohamed Salem Abdelfattah explique qu’ils sont devenus plus conscients, «la propagande ne les trompe plus comme avant». Toutefois, «ils sont accablés et préoccupés malheureusement, surtout par leur gagne-pain quotidien». «Il y a une grande restriction sur les activités commerciales et économiques, et il y a un manque d'opportunités économiques, en plus de la confiscation de leurs droits découlant du statut de réfugié», rappelle-t-il encore.

«Nous sommes maintenant en été, le thermomètre peut atteindre 54 degrés dans un climat très rude, et il y a une crise de l'eau récurrente chaque été. Devant cette situation, ils ne penseront pas à autre chose», conclut-il.

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