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Grand Angle

Sous pression, l’Algérie nie tout boycott touristique de l’Espagne

Trois jours après une mise en garde lancée par le gouvernement espagnol à l'Algérie, le voisin de l'Est révise son ordre donné à ses agences de voyages de suspendre toute relation avec l’Espagne. Alger, par la voix de professionnels et de politiques, accuse un simple fonctionnaire d’être l’auteur de l’instruction.

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Dans sa guerre commerciale contre l’Espagne, l’Algérie perd le nord. Les rétropédalages se suivent mais leurs montages ne se ressemblent pas. Après celui opéré, le 10 juin concernant le gel de toute démarche de domiciliation bancaire pour l'import ou l'export vers et depuis l'Espagne, Alger revient sur le boycott youristique de la péninsule ibérique.

Le président de la Fédération algérienne des agences de tourisme, Mouloud Youbi, a nié ce samedi 25 juin dans des déclarations à la presse, tout ordre du ministère du Tourisme portant suspension des relations avec l’Espagne. Une injonction qui, pourtant, a été largement diffusée par les médias algériens.

«La tutelle nous a expliqué qu’il s’agit d’une erreur professionnelle du délégué du ministère du Tourisme à Bouira. En revanche, le ministère a encouragé les agences de voyages à continuer la mise en œuvre de leurs programmes touristiques avec l'Espagne de manière normale. Le ministère dément ainsi tout gel des relations touristiques entre les deux pays.»

Mouloud Youbi

La «responsabilité» du délégué du ministère du Tourisme, désormais bouc émissaire des aléas politiques entre les deux pays, a été également pointée du doigt par le président du Syndicat algérien des agences de voyages. Même son de cloche auprès du député, Farès Rahmani, membre de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre basse du Parlement.

Rétropédalage suite à la mise en garde de Madrid

Ce samedi 25 juin dans des déclarations à Echoroukonline, le député a affirmé que «l'instruction de geler les relations touristiques entre l'Algérie et l'Espagne est sans fondement. Il s’est avéré qu'il s'agissait d'un acte isolé du délégué du ministère du Tourisme de Bouira». Et d’appeler, en conséquence, les autorités de tutelle à enquêter sur cette affaire qui, selon lui, a soulevé «de vives préoccupations parmi les membres de la communauté» algérienne établie en Espagne.

Ce nouveau virage algérien intervient trois jours après la mise en garde lancée par la première vice-présidente de l’exécutif, ministre des Affaires économiques et de la Transformation digitale, Nadia Calviño, à l’Algérie. «L'Espagne est un membre de l'Union européenne et tout pays tiers doit savoir que tout acte dans le domaine commercial est une action contre l'UE. Pour nous c'est une grande force, car ensemble nous sommes plus forts», a-t-elle averti.

Pour rappel, dans le sillage de la suspension du traité d’amitié avec l’Espagne, l'Association professionnelle des banques et établissements financiers d'Algérie avait enjoint, le 9 juin, aux dirigeants des banques et établissements financiers du pays de geler toute démarche de domiciliation bancaire pour l'import ou l'export vers et depuis l'Espagne. Vingt-quatre heures plus tard, l’ambassade de l’Algérie auprès de l’Union européenne a démenti l’ordre donné la veille, après que l’Union européenne ait publié un communiqué menaçant l’Algérie de sanctions économiques.

«L’UE est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un Etat membre. Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un Etat membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union au titre de l’accord» d’association conclu avec Alger en 2005, a précisé, dans un communiqué, le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission en charge du Commerce Valdis Dombrovskis.

Le ministère algérien des Transports a déjà écarté, en mai dernier, les ports espagnols de son programme estival. Une décision saluée en son temps par des élus algériens, afin de contraindre le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à retirer son appui au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Mais c'était bien avant les menaces de l'UE et la mise en garde de l'exécutif espagnol.

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