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Grand Angle

Polisario : Brahim Ghali ne fait plus l’unanimité

Après six années à la tête du Polisario, Brahim Ghali ne fait plus l’unanimité, lâché par ses anciens compagnons qui appellent à une «alternative». Un groupe rejoint par Mohamed Ibrahim Biadillah, militaire de formation pressenti pour diriger le mouvement. 

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Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario. / DR
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Alors que la direction du Polisario prépare les conditions pour organiser, vers la fin de l’année, un congrès, les voix réclamant une «alternative», ne se cachent plus. Mohamed Ibrahim Biadillah, un des fondateurs du mouvement séparatiste, ayant dirigé les renseignements et l’armée, est sorti de sa réserve habituelle pour pointer du doigt les six années de Brahim Ghali à la tête du mouvement.

Après avoir couvert d’éloges, dans un article, le long règne de Mohamed Abdelaziz, qualifié de «commandant exceptionnel», il a mis l’accent sur l’impératif de «redonner un nouveau souffle à l’unité nationale». Il a proposé une proclamation d’une «amnistie totale», qui serait «accompagnée par la réparation des dommages et l'élaboration de mécanismes et de lois devant protéger les droits de l'Homme» dans les camps de Tindouf.

Biadillah, écarté par Brahim Ghali de la coordination de l’armée en novembre 2021 au profit de Mohamed El Ouali Akeik, a déploré que les nominations dans les hiérarchies militaire et civile, n’aient pas favorisé «l’émergence d’une élite efficace».

Le Maroc a mis la main sur les «territoires libérés»

Ce militaire de formation, ayant combattu contre les Forces armées royales, a mis en garde contre l’expansion des FAR dans les «territoires libérés». Une zone menacée de se transformer en «ceintures de sécurité». Un constat qui remet sérieusement en question la communication officielle sur la «guerre» contre le Maroc, alimentée quotidiennement, depuis le 13 novembre 2020, par des communiqués célébrant des victoires fictives. En octobre 2021, un média proche du Polisario a, d’ailleurs, révélé le déplacement d’environ 5 000 personnes qui résidaient auparavant dans les «territoires libérés» vers les camps de Tindouf.

Les critiques formulées par Biadillah sont partagés par d’autres voix ouvertement opposées à la ligne politique de Brahim Ghali, tel le «Groupe de redressement révolutionnaire», créé en mai dernier, qui a déjà condamné les conditions de la reprise des armes contre le Maroc, appelant à une évaluation des 19 mois de «guerre» contre le royaume.

Des «ministres», éloignés du cercle de prise de décision, n’hésitent plus à dénoncer les dysfonctionnements observés dans l’appareil du Polisario. Mustapha Sidi El Bachir, le «ministère des territoires occupés et de la diaspora sahraouie» et auteur, en décembre à Paris, de la «RASD n’est pas un Etat», a déploré la marginalisation de la jeunesse des camps de Tindouf.

Pour sa part, Bachir Mustapha Sayed, le «ministre à la présidence», a tiré à boulets rouges sur l’«inspection» de Brahim Ghali des régions militaires, la résumant à une opération de prise «de selfies qui ne fait que tromper l’opinion publique».

Parallèlement à l’article publié, Mohamed Ibrahim Biadillah, frère de l’ancien secrétaire général du Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM), diffuse ses idées lors de réunions avec la population dans les camps de Tindouf. Avant sa mise à l’écart de la coordination de l’armée, ce Sahraoui était en course ouverte avec le grand favori de l’Algérie, Abdellah Lahbib Bellal, décédé en août 2021, pour succéder à Brahim Ghali.                                                              

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